Projet pédagogique de l’école de Vaulx

Publié le mer 21 Nov 2018

Introduction au chant-signé…

Le projet pédagogique de l’école de Vaulx

 

L’école primaire de Vaulx en Haute-Savoie a participé au concours « École en chœur » lancé par le ministère de l’éducation nationale.

Leur projet, à l’initiative d’Odile CZANINSKI, professeure des écoles, était de sensibiliser les enfants au monde des sourds en introduisant la langue des signes française à leur chant.

 

Aux sources du projet

 

En 2016, cette école a participé au concours “Ecole en chœur” et a fini première de l’académie de Grenoble. Malheureusement, elle n’a pas été finaliste au niveau national. Forte de cette 1re expérience, l’école décide de réitérer l’expérience en 2017 en réalisant une vidéo originale, qui sorte des sentiers battus. Dans cette même période, est arrivée en CE1 la petite Amélie, une jeune élève néo-zélandaise qui leur a expliqué que dans son pays, la langue des signes était enseignée dès la maternelle ! L’idée était donc toute trouvée ! Les enfants allaient tourner leur « clip » en langue des signes française (LSF) ! Mais comment faire ? L’institutrice s’est donc rapprochée du CNFEDS, par l’intermédiaire de Lionel Valet, pour lui demander de l’aide.

 

À son tour, le CNFEDS a sollicité l’aide de ses étudiants et de ses intervenants pour encadrer ce projet.

Noémie Brusson a accepté d’accompagner les enfants dans ce projet parallèlement à sa 1re année de Master.

 

Pour cette édition 2017, les enfants avaient choisi une chanson plutôt difficile et très émotionnelle, exigeante en expression pour la LSF. Il s’agissait de « Tous les cris, les SOS » de Daniel Balavoine dans sa version interprétée par Zaz.

La chanson étant très complexe et riche en texte, nous avons choisi de ne signer qu’une partie du chant : les refrains.

 

Le projet

 

Pour permettre aux enfants de signer dans de bonnes conditions, Noémie a réfléchi aux signes à employer. Puis elle a fait sa proposition de chant-signé aux intervenants du CNFEDS avant de la transmettre aux enfants.

Elle a été filmée dans une version normale puis dans une version lente et décomposée afin de permettre aux enfants de se familiariser et de s’approprier les signes.

Les enfants se sont entraînés avec leur enseignante grâce à ces vidéos à raison de 10 minutes par jour, pendant 2 semaines. Ils se sont appliqués à regarder, copier et répéter les gestes de Noémie. Les enfants étaient très enthousiastes, ils s’entraînaient en classe, dans la cour de l’école, à la maison sous les yeux surpris de leurs parents mais ravis par ce projet. Rapidement ils n’ont plus eu besoin des supports.

Un rendez-vous a alors été fixé pour vérifier que les signes étaient bien assimilés.

Cette rencontre était aussi le moyen de sensibiliser les enfants au monde de la surdité. Nous avons demandé à une personne sourde de nous accompagner pour enrichir encore cet échange avec les enfants. Marianne Kurz, enseignante spécialisée à l’INJS de Chambéry, et sourde, a répondu à cet appel.

Cette rencontre a réellement été un moment fort du projet…

Enfin, les enfants ont été filmés par Lionel Valet, directeur du département APPRENDRE de l’Université Savoie Mont Blanc, qui s’est également occupé du montage de la vidéo.

La voici :

https://vimeo.com/215554459

 

Le témoignage de Marianne Kurz : une expérience qui a permis de créer un pont entre le monde sonore et le monde gestuel

 

J’ai eu le plaisir d’accompagner Noémie à la rencontre de ces élèves de l’école de Vaulx et de leur maîtresse, Odile Czaninski, à l’initiative du projet, juste avant la réalisation de la vidéo.

J’étais essentiellement là pour apporter mon témoignage et les sensibiliser à la surdité. J’ai tout de suite constaté que nous étions très attendues…

J’avais hâte de les voir signer le refrain de la chanson qu’ils avaient appris par cœur.

 

À mon arrivée, je signais avec Noémie et j’ai dit bonjour en LSF à quelques élèves qui nous attendaient sur le perron. Ils étaient intrigués de me voir utiliser la LSF avec Noémie.

 

Dans un grand silence, je me suis présentée puis Noémie a traduit. J’ai raconté mon parcours scolaire qui a été difficile et j’ai expliqué que l’apprentissage de la langue française a été long et compliqué. Après quoi, les élèves m’ont posé des questions, beaucoup de questions ! J’ai été très touchée par leur intérêt envers la surdité. Je répondais avec sincérité à leurs interrogations. Par exemple, l’un d’eux m’a demandé si j’avais des sentiments ? Si parfois j’étais triste ? Ils se demandaient comment je faisais pour acheter une baguette de pain à la boulangerie ou des vêtements ? J’avais l’impression qu’ils essayaient de se mettre à ma place pour comprendre le monde des sourds. Pour moi, cet instant a été un moment de communion très touchant.

Puis je leur ai fait entendre ma voix. Les enfants ont fait preuve d’une véritable curiosité et d’une grande empathie concernant la surdité et ses conséquences dans la vie quotidienne.

 

Enfin, avec Noémie, nous avons regardé leur prestation en LSF des refrains. Par petits groupes de volontaires, ils sont venus, ont fait de leur mieux et ont montré qu’ils avaient bien travaillé. Ils étaient motivés même lorsque je leur ai dit que leur interprétation manquait d’expressivité. J’ai vraiment senti leur implication pour entrer dans l’univers de la LSF et pour écouter nos conseils qu’ils ont tout de suite appliqués pour être meilleurs.

 

Ce fut pour moi une riche rencontre car tous ces élèves ainsi que leur professeure ont fait un pas dans l’univers de la LSF et du monde sourd. Encore merci à eux pour leur écoute et leur intérêt !

 

Marianne