Les peintures rupestres du « Trou de La Féclaz » sous la loupe d’EDYTEM et d’autres laboratoires

Publié le mar 15 Oct 2019

Au début du mois s’est tenue à Saint-Jean-d’Arvey une conférence sur les peintures pariétales animée par Claudia Defrasne, archéologue au LAMPEA, Olivier Veissière, géomètre, et Émilie Chalmin, physico-chimiste à EDYTEM. L’occasion de présenter et de visiter le site orné du Trou de la Féclaz (nom du raide couloir qui permet de franchir la paroi du Mont Peney au-dessus de Saint-Jean d’Arvey) datant de la période néolithique. Les conférenciers ont exposé les résultats de la compagne d’analyses des peintures pariétales préhistoriques du site, menée durant l’été par une équipe interdisciplinaire composée de membres des laboratoires Monaris (Sorbonne Université/CNRS), Lampea (Aix-Marseille Université /CNRS) et Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (EDYTEM, Université Savoie Mont Blanc/CNRS/Ministère de la Culture et de la Communication).

Sous un surplomb rocheux en pied de paroi, ce site présente un ensemble de peintures schématiques (ponctuations, croix, étoiles, etc.) attribuées à la période Néolithique (5000 – 3000 avant notre ère) et actuellement protégées par une grille.

Le but des analyses était d’en savoir plus sur la polychromie des matières colorantes employées, les figures étant rouge foncé, rouge clair, jaunes et noires. Pour cela, l’équipe de scientifiques a utilisé un matériel de haute technologie, un spectromètre Raman, permettant d’analyser in situ et en temps réel la nature chimique des matières soumises à la faible excitation d’une lumière Laser focalisée par un microscope associé à une sonde positionnée au plus près des peintures. La manœuvre a été rendue compliquée par la configuration des lieux, sur une vire en bord de vide, dans un espace contraint par la présence des grilles. Outre le portage quotidien du lourd matériel depuis Saint Jean-d’Arvey, auquel plusieurs membres du laboratoire EDYTEM, étudiantes et étudiants de l’Université Savoie Mont Blanc ainsi que d’autres bénévoles ont participé, il a fallu composer avec la grille et la géométrie de la paroi pour installer la sonde du spectromètre dans une configuration la plus stable possible, la moindre vibration risquant de perturber les mesures.

Des premiers résultats sur la composition des matériaux analysés

Les premiers résultats permettent d’accéder à la nature de certains encroutements naturels issus de l’altération de la paroi et pouvant recouvrir partiellement les peintures comme du gypse et des oxalates de calcium. Ces derniers sont présents sous forme de très petits cristaux. Malgré la forte présence de matières organiques pouvant masquer le signal des pigments minéraux, il est toutefois possible de distinguer de l’hématite, oxyde de fer naturel caractéristique de la couleur rouge. Le traitement des données obtenues in situ croisé avec l’analyse des microprélèvements réalisés pendant cette campagne permettra certainement de révéler d’autres informations sur les composants de ces matières colorantes essentiels à la compréhension de cette expression graphique préhistorique.

Des retombées territoriales possibles

Comme l’ont souligné Jean-Luc Desbois, directeur du Parc Naturel Régional du Massif des Bauges, et Fabien Hobléa, président de son Conseil Scientifique et membre d’EDYTEM, venus assister à l’opération, des connaissances nouvelles sur ces énigmatiques peintures seront les bienvenues non seulement pour les sciences archéologiques mais aussi pour le territoire communal de Saint-Jean d’Arvey, impliqué dans la préservation et la valorisation de ses riches patrimoines au sein du Parc Naturel Régional, également Géoparc Mondial UNESCO.

En savoir plus

Contact : Emmanuel Malet, technicien en métrologie environnementale au Laboratoire EDYTEM