Échec et Mat : rencontre avec Estée Aubert, championne d’échecs

Publié le mer 26 Fév 2020

On pourrait presque dire qu’elle est tombée dedans quand elle était petite. À tout juste 7 ans, Estée Aubert fait danser les pièces de bois sur l’échiquier familial. Dix ans plus tard, la jeune étudiante accumule 3 titres de championne de France jeunes et vient de décrocher son premier titre de championne de France universitaire.

Participer aux championnats de France Jeunes d’échecs, chez les Aubert c’est un peu comme partir en week-end en famille. Depuis qu’elles ont commencé à jouer, Estée et ses deux soeurs Laurane et Eléa se mesurent aux adversaires de leurs catégories.

« Quand j’étais petite, je voyais tout le temps mon père et ma grande sœur Laurane jouer. J’observais les déplacements de chaque pièce, j’essayais de comprendre la stratégie. Du coup, je me suis mise à jouer très jeune et j’ai suivi Laurane dans les compétitions. On ne joue pas dans la même catégorie car nous n’avons pas le même âge, mais il peut arriver qu’on soit sur les mêmes événements. Par contre j’évolue dans la même catégorie que ma sœur jumelle Eléa ! », raconte Estée.

À 12 ans, Estée remporte le titre de championne de France 2015 de sa catégorie avec brio. Elle gagne 7 rondes, réalise 2 matchs nuls et se hisse sur la plus haute marche du podium, ce qui lui vaut une première sélection en équipe de France. Une médaille d’or qu’elle remportera également en 2017 (catégorie minimes U14) et en 2019 (catégorie minimes U16). Un palmarès qu’elle complète avec 4  participations en championnats d’Europe (9ème place) et 2 participations en championnats du monde.

Sa pièce préférée ? « C’est dur de choisir, elles sont toutes importantes ! », nous dit-elle en souriant. Finalement, elle opte pour le cavalier et sa capacité à se déplacer aussi bien sur les cases noires que sur les cases blanches. Une facilité d’adaptation que la jeune joueuse utilise dans sa vie d’étudiante sportive de haut-niveau.

Sur les traces de sa grande soeur, Estée étudie cette année en 1ère année de licence psychologie à l’UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines. Afin de conjuguer études et sport de haut niveau, elle bénéficie d’aménagements horaires de cours pour pouvoir s’entraîner et participer à des compétitions tout au long de l’année, tout comme Laurane a pu le faire. Chaque semaine, elle s’entraîne avec son coach, travaille ses ouvertures, analyse des parties jouées, ou encore fait des études de position de pièces pour anticiper les 6 ou 7 prochains coups de la partie.

« C’est un sport que j’aime car il y a beaucoup de stratégie, il faut être très combatif.  Il faut savoir anticiper les mouvements de l’adversaire, rester concentrée. Et puis ça apprend aussi à être patient. Surtout quand certaines parties durent plus de 7h et qu’on ne peut pas se lever à cause du manque de temps ! Il faut aussi savoir gérer son stress, ce qui n’est pas toujours facile. Une partie peut se perdre sur une seule erreur parce qu’on se laisse submerger par le stress. C’est un sport mental, on peut faire une très bonne partie et faire une très grosse erreur qui nous coûte la victoire. J’ai déjà raté des parties très importantes à cause du stress, par exemple aux championnats d’Europe en U14. J’avais fait un beau parcours et j’ai trébuché dans les deux dernières parties face à la nouvelle championne d’Europe et la vice-championne. Du coup, ce sport me permet aussi d’apprendre à gérer mes émotions et ça me sert dans la vie de tous les jours ou en cours », nous dit Estée.

Si elle collectionne les podiums en solo, Estée aime particulièrement l’ambiance des compétitions en équipe. Chaque partie influence la manière de jouer des autres coéquipiers, la prise de risques sur chaque match et la stratégie doit être globale et évolutive en fonction des résultats de chacun. « Plus de pression mais aussi plus d’énergie à partager. Chaque résultat impacte l’équipe directement, donc on est tous très soudés et solidaires. On joue en solo face à l’adversaire, mais on gagne ou on perd ensemble », explique t’elle avec le sourire.

Sa dernière victoire en championnat de France universitaire est une étape de plus dans sa jeune carrière. Prochain objectif : monter sur le podium des championnats de France et être sélectionnée pour les Championnats du Monde, comme le fût sa grande sœur en 2018.


Crédit photos : Alice Treuvey – Université Savoie Mont Blanc

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