IOP, un projet de recherche de l’IREGE qui questionne les possibilités d’innovation des PME

Publié le mer 29 Avr 2020

L’Institut de Recherche en Gestion et Économie (IREGE) de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) et la Haute École de Gestion (HEG) de Genève travaillent en collaboration depuis octobre 2018 et ce jusqu’en mars 2021, sur le projet de recherche « Innovation Ouverte des PME (IOP) au service de la prospective transfrontalière de l’économie sociale et solidaire et l’économie du numérique ». En associant étroitement la recherche, la formation et l’industrie, le projet consiste à développer un modèle explicatif de l’innovation ouverte, modes d’innovation fondés sur le partage et la collaboration, à destination des PME dans le domaine de l’économie sociale et solidaire (ESS) et du numérique.

L’économie du numérique comme l’économie sociale et solidaire sont deux secteurs d’activité en pleine expansion. Les PME de ces deux types d’économie innovent mais de manière différente. La collaboration, inhérente aux entreprises de l’ESS, et l’innovation technologique, omniprésente dans l’économie du numérique, sont les deux modes d’innovation que l’équipe du projet IOP étudie et qui ont contribué au choix de ces secteurs.

Ce projet de recherche franco-suisse s’intéresse donc au processus d’innovation mis en place par les PME de ces deux économies, porteuses de sens pour la société actuelle et actuellement en pleine expansion, avec une analyse fine des ressources mobilisées en interne et externe par les PME. Il permet le transfert de savoir-faire entre les PME régionales grâce à de nouveaux outils permettant de développer des produits ou services innovants, renforçant ainsi leur compétitivité.

Il est soutenu par le dispositif INTERREG et par une vingtaine d’acteurs économiques répartis sur les territoires de la Haute-Savoie, Genève et le canton de Vaud, tous sensibles aux questions d’innovation.

Une finalité au service des PME transfrontalières et plus encore

Le projet IOP se compose de trois Work Package (WP) visant à mieux comprendre et appréhender les modes d’innovation et de coopération des PME. Dans le cadre de cette recherche qualitative, douze PME, six françaises et six suisses réparties à égalité ESS et numérique, font actuellement l’objet d’une étude approfondie pour comprendre leur processus de collaboration et d’innovation ouverte avec une analyse des leviers et freins auxquels les PME sont confrontées pour innover (WP1), analyser et identifier leur trajectoire d’innovation depuis la création de l’entreprise à aujourd’hui sous l’angle du modèle d’affaires (WP2).

Ces deux premières étapes sont le support pour l’objectif final de cette recherche académique, l’implémentation d’une plateforme de prospective collaborative (WP3) en lien avec la réalité terrain des PME des deux économies.

La plateforme aura pour objectif de dynamiser le développement de projets d’innovation ouverte sur la zone transfrontalière et fonctionnera alors comme un réseau que chaque entreprise viendra alimenter au gré de son expérience en matière d’innovation ouverte ; de ses découvertes, de ses réussites ou des difficultés rencontrées. Il s’agit également de renforcer la connaissance réciproque des acteurs clés de l’économie sociale et solidaire afin d’identifier des leviers de collaboration.

Les avancées du projet et ses premiers résultats

Une séance de restitution s’est tenue le 17 octobre 2019 à la HEG Genève avec les partenaires du projet et les professionnels ayant été interviewés pour une présentation des résultats du WP1, animée par les chefs de file du projet, Catherine Equey pour la Suisse et Romain Gandia pour la France. De janvier à juin 2019, les équipes de recherche ont conduit une trentaine d’entretiens auprès des douze PME sélectionnées pour identifier les leviers et freins à l’innovation ouverte qu’elles rencontrent. Les chercheurs ont pu ainsi faire ressortir deux grands résultats autour des spécificités stratégiques de l’innovation ouverte pour ces PME et des leviers et freins identifiés.

L’innovation ouverte vise à accélérer la dynamique d’innovation de l’entreprise en impliquant tant l’ensemble de ses ressources internes (salariés) que son écosystème externe (clients, fournisseurs, laboratoires de recherche, universités, start-ups, collectivités locales, ONG, …).


Crédits photos : IREGE

 Les spécificités de l’innovation ouverte dans les PME étudiées

Pour les PME de l’ESS, l’impact social est au cœur de la stratégie. L’innovation est ouverte par nature et l’écosystème est primordial pour ces PME pour organiser leur activité. Ces PME sont tout d’abord innovantes au niveau du modèle d’affaires et du management mais également au niveau des services.

Pour les PME du numérique, l’objectif stratégique est le profit économique pour développer de nouvelles innovations technologiques, de produit et de service. L’ouverture est donc ciblée et doit répondre à un besoin précis. Leur pratique d’innovation ouverte relève donc davantage de la captation d’éléments externes pour stimuler leur potentiel d’innovation et de R&D en interne.

Les leviers et freins à l’innovation ouverte dans les PME étudiées

Des leviers et freins communs sont observables dans les PME des deux économies. Bien qu’il soit utilisé de manière différente dans les deux économies, le réseau est un levier commun, notamment pour le partage de connaissances internes ou externes. La qualité des ressources humaines est également un levier commun. Pour innover de manière ouverte, ces PME sont confrontées à des freins financiers qui se traduisent par un manque de financement et des problématiques liées au manque de ressources et au manque de temps qui impactent directement leurs objectifs stratégiques. Les résultats de cette recherche montrent également qu’il existe des leviers et freins spécifiques selon l’économie. Dans l’ESS, les PME fondent leur culture sur des valeurs et croyances communes et partagées par leurs collaborateurs et partenaires pour co-construire une innovation. Toutefois, les principaux freins qui bloquent leur potentiel d’innovation ouverte relèvent de tensions entre objectifs sociaux et objectifs économiques. Concernant le numérique, les PME travaillent en collaboration avec des communautés d’utilisateurs pour tester leur produit ou service avant la mise sur le marché. Néanmoins, le capital-risque reste élevé et certains produits demandant un haut degré de technicité, les PME du numérique sont souvent confrontées à un manque d’expérience technique.

Depuis le mois de mars 2020, les équipes de recherche française et suisse ont démarré les nouveaux entretiens auprès des dirigeants, collaborateurs et partenaires des 12 PME, pour comprendre et identifier les évolutions de trajectoires de leurs modèles d’affaires depuis la création de l’activité à aujourd’hui. En parallèle, des réflexions sont menées conjointement avec les équipes de recherche et les partenaires du projet sur la future plateforme de prospective.

en savoir plus

  • Contacts :
    • Romain Gandia, maître de conférences à l’USMB (IREGE)
    • Catherine Equey, professeure associée à la Haute École de Gestion de Genève (HES-SO)