Une faille sismique étudiée au cœur des Alpes

Publié le mar 14 Déc 2021 failles aiguilles rouges isterre workshop couv

Des chercheurs et chercheuses du Institut des Sciences de la Terre (ISTerre – CNRS, UGA, USMB, IRD et Université Gustave Eiffel) ont participé à une expédition au cœur de la faille des Aiguilles Rouges.

Cette excursion s’est déroulée à l’occasion d’un workshop de trois jours sur la « Tectonique active et Datation » organisé par l’action « Failles actives » (FACT) du consortium de géoscientifiques français RÉSIF et par EDF dans le cadre du projet « Seismic Ground Motion Assessment » (SIGMA-2) ou « Évaluation sismique du mouvement du sol ».

UN WORKSHOP INTERNATIONAL             

Le workshop s’est tenu à Praz-sur-Arly en Haute-Savoie en début d’année universitaire. Il rassemblait en présentiel et en distanciel une centaine de géologues français et internationaux issus de deux communautés qui cohabitent rarement. D’un côté, des géologues travaillant sur la tectonique active, c’est-à-dire les mouvements actuels des plaques tectoniques, et de l’autre, des géochronologistes travaillant sur la datation des événements millénaires. L’idée est de rassembler des informations sur les failles qui enregistrent des séismes en remontant jusqu’à plusieurs milliers d’années dans le passé.

Les deux premiers jours étaient composés essentiellement de conférences animées par des spécialistes ou des doctorants, de présentations de posters scientifiques et des tables rondes. Les différents chercheurs et chercheuses ont fait un bilan des études de faille en France mais aussi des perspectives de recherche pour les années à venir.

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UNE EXCURSION LE LONG DE LA FAILLE DES AIGUILLES ROUGES

Le workshop s’est clôturé par une excursion au niveau de la faille des Aiguilles Rouges pour faire des observations sur le terrain. Elle était organisée par Riccardo Vassallo, maître de conférences à ISTerre, avec une quarantaine de personnes.

Une faille est le résultat d’un déplacement de matière causée par les séismes. Majoritairement, les séismes alpins n’affectent que très peu le relief et la morphologie des montagnes car ce sont de petits séismes durant lesquels les déformations générées n’atteignent pas la surface terrestre. Dans le cas où des déformations seraient visibles en milieu montagneux, elles ne le restent pas longtemps car elles sont souvent érodées ou recouvertes par l’éboulement des versants. La faille des Aiguilles Rouges, visible sur 8 km de long, est donc un lieu remarquable et très intéressant pour la communauté des géologues.

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Historiquement, les scientifiques savent qu’il y a eu des séismes à Vallorcine et dans la vallée de l’Arve mais la trace de la faille n’a commencé à être étudiée que depuis quelques années. Il s’agit d’observer sa morphologie pour retracer l’histoire de l’activité sismique de la vallée.

On sait que les mouvements au niveau des failles sont en lien avec les glissements de terrain qui sont très dangereux pour la vallée de Chamonix. Il serait intéressant de reconstituer la morphologie du territoire sur un long laps de temps pour comprendre les cycles sismiques et améliorer les cartes des aléas sismiques pour tenter de prédire les mouvements futurs au niveau de la faille.

Cette étude se réalise en plusieurs étapes. Les chercheurs commencent par observer le terrain pour obtenir des données qualitatives. Les observations satellitaires ou par drone sont des données complémentaires qui permettent d’avoir une perspective différente et un accès à l’information dans des zones inaccessibles. Des modèles numériques sont ensuite élaborés pour reconstruire les formes originelles du paysage et quantifier l’action des failles dans le temps.

Une occasion de mettre en place des partenariats internationaux et de mutualiser les techniques

De nombreuses questions ont été soulevées durant ces trois jours et des synergies ont été créés. Une équipe de chercheurs tchèques a développé des capteurs permettant de détecter les tous petits mouvements, de l’ordre du micron, et suivre les déplacements en temps réel au niveau de la faille. Il serait très intéressant de les mettre en place au niveau de la faille des Aiguilles Rouges.

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Crédits photos : Kevin Manchuel, Diane Fischer-Krauser, Ivo Baron

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