Transhumance mécanique : retour sur une découverte du territoire pas comme les autres

Publié le mar 12 Avr 2022

Un grand ciel bleu, la chaleur du soleil et la beauté de la nature environnante. Après une randonnée en alpage, Antoine, Manon, Claudia et Quentin s’installent tranquillement autour de la table-œuvre d’art qu’ils viennent d’assembler avec l’aide d’une vingtaine d’autres étudiants. Porté par les artistes-plasticiens Thibault Carcassonne et Margaux Pinto, le projet “Randonnée mécanique autour d’un festin” atteint sa dernière étape aux abords du chalet Chappuis, à 1250 mètres d’altitude. Retour sur un projet artistique participatif et collaboratif.

la table, un élément fédérateur

À l’origine du projet, une idée. Celle de travailler sur un projet associant la sculpture et la rencontre. Installés en résidence sur le campus d’Annecy pendant près de 2 mois, Margaux, artiste vidéaste, et Thibault, artiste plasticien, unissent leurs univers respectifs et choisissent ce qui sera l’élément fédérateur du projet : la table.

“Nous voulions travailler une forme en binôme depuis quelques semaines, associant la sculpture et la rencontre. La première étape du projet a été la fabrication d’une table composée d’un service à plateau tournant. L’idée était que la structure soit entièrement démontable et transportable. Le deuxième axe de recherche a été de préparer une transhumance, un événement performatif pour accueillir et rassembler les étudiants et le personnel du campus. L’idée était de partager un moment dans un nouveau territoire, la table étant perçue comme le tissage et l’élément de rencontre pour tous”, explique Thibault.

Les deux artistes travaillent également avec Mathias Pelloux, technicien au laboratoire Génie Mécanique de l’IUT d’Annecy, et partagent l’avancée de leur projet avec la communauté étudiante. Ils rencontrent les différentes associations et BDE du campus d’Annecy qui les aident à communiquer autour du projet, échangent avec les étudiantes et étudiants au détour d’un couloir et leur expliquent leur démarche artistique.

Une fois l’objet-table créé, la transhumance mécanique se dessine : une randonnée collective en alpage au cœur du territoire Savoie Mont Blanc, où chaque participant portera un des éléments de la table, seul ou à plusieurs, tout au long du trajet. Au sommet, la table sera réassemblée et réunira étudiantes, étudiants et artistes autour d’un repas bien mérité, dont les produits seront ceux d’agriculteurs locaux avec lesquels les artistes auront échangé autour de leurs transhumances, leur façon de travailler, leur exploitation.

“La transhumance est un événement de fête. Le but était de créer une déambulation avec des participants pour créer un moment participatif, et de créer une transhumance collective liée au territoire qui nous entoure. Chaque transhumance est singulière, elle diffère en fonction du territoire, de la région explorée, des paysages, du patrimoine et des personnes qui l’habitent”, explique Margaux.

une transhumance source d’échanges

Fin mars, étudiantes, étudiants et artistes se retrouvent à Dingy-Saint-Clair pour cette transhumance mécanique, qui marque la fin d’une démarche artistique originale et collaborative. Une barre d’acier, un élément en bois, une pièce du puzzle. Au départ de la randonnée, au pied du four à pain de la Blonnière, chaque étudiante ou étudiant choisit de porter un des éléments constitutifs de la table.

“J’ai rencontré plusieurs fois Margaux et Thibault lors de leur promotion de la transhumance mécanique à l’IUT et le sujet m’a intrigué. Comme je fais des études de mécanique, je me questionnais un peu sur la réalisation, l’assemblage et le rendu final de la table. J’aime beaucoup l’idée de faire une table à partir de pièces que l’on achemine tous ensemble, ça permet de créer une cohésion de groupe intéressante. Du coup, je me suis inscrit à la transhumance avec mes potes”, témoigne Antoine, étudiant en 2ème année de BUT Génie Mécanique et Productique à l’IUT d’Annecy.

Les groupes se construisent à travers les rythmes de marche, les paysages et les couleurs défilent devant des yeux curieux, les échangent naissent peu à peu entre les participants. Au sommet, la table se réassemble et chacun y prend place pour déguster les produits frais des agriculteurs rencontrés par les artistes durant les 2 mois de résidence. Et les échanges se multiplient à nouveau.

“J’ai vraiment adoré cette journée, le fait de faire une sortie en nature permet de s’échapper un moment du cadre scolaire et de rencontrer des personnes que nous n’aurions peut-être jamais croisées sur le campus”, témoigne Manon, étudiante en double licence de Droit-LEA à l’IAE Savoie Mont Blanc.

“Cette journée est super, on a la chance d’avoir un temps magnifique et la vue sur Annecy et le lac est superbe. Le plus agréable pour moi reste la dégustation de fromages et les beignets de pomme de terre qui sont beaucoup trop bons !”, explique Claudia, étudiante en licence de Droit à la Faculté de Droit de l’USMB.

“Du génie ! J’ai souvent répété cette phrase aujourd’hui, et je le pense vraiment. En si peu de temps, avoir pensé et réalisé ce projet me pousse à dire : respect. Je trouve que cette idée de table tournante qu’on a transportée, montée et utilisée par tout le groupe est juste géniale ! Tout en découvrant des produits locaux dans un environnement cohérent et logique avec les valeurs même du projet. Merci pour cette journée, j’ai découvert un lieu, des personnes et une atmosphère. S’il y a d’autres projets ayant ces valeurs là ou similaires à cet évènement, je suis partant !”, raconte Quentin, étudiant en BUT Carrières sociales à l’IUT d’Annecy.

La table retrouve le campus d’Annecy quelques jours plus tard, lors de la soirée de restitution de la résidence d’artiste, le 12 avril. L’occasion d’un dernier temps d’échange entre artistes, étudiantes, étudiants.

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