Organisé par le laboratoire LLSETI (Langages, Littératures, Sociétés Études Transfrontalières et Internationales) de l’USMB et l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public, le cycle de conférences philosophiques « Pour une Éthique de la discussion, enjeux démocratiques » se poursuit ce mercredi 16 avril à 17h avec le thème « Les lieux publics : espaces de débat ou espaces en débat ? ».
Si Jürgen Habermas et Hannah Arendt considèrent l’espace public comme un lieu essentiellement démocratique, ils s’intéressent assez peu, l’un et l’autre, à ses qualités matérielles. Or l’espace public n’est pas seulement un espace de discussion rationnelle et d’action collective, c’est d’abord un tissu de rues, de places, de médiathèques, de gymnases et autres équipements publics. Comment ces lieux doivent-ils être aménagés pour permettre l’émergence de collectifs ?
La tonalité démocratique de ces lieux tient-elle seulement aux discussions verbales qui peuvent s’y dérouler et à l’échange d’arguments ou a-t-elle également partie liée au dialogue infradiscursif entre les corps des usagers ?
Nous nous proposons dans cette intervention de penser l’articulation entre la dimension symbolique de l’espace public et la dimension matérielle des lieux publics, afin de saisir certains enjeux de l’évolution de leur conception.
Comment favorisent-ils ou non la constitution d’un espace de débat ?
Cette conférence sera animée par Céline Bonicco-Donato, Professeure à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble de l’Université Grenoble Alpes.
Nous semblons être devenus impuissants face au dérèglement généralisé de la discussion que nous attribuons trop facilement aux supports médiatiques effectivement dérégulés. Sans doute ne devons-nous jamais oublier que persévèrent dans nos sociétés des affects qui poussent à la violence, ceux-là même dont Freud nous avertissait dans son Malaise dans la culture. En même temps ce dérèglement de la discussion en combats inexpiables, en « agonistique », porte manifestement atteinte au débat démocratique. Et les recours là-contre ne peuvent reposer sur l’invocation de la raison, voire sur celle de la vérité qui demeurent sans force dans le débat politique. Même s’il faut, contre le conspirationnisme ou le négativisme, défendre les faits et user de la raison, la discussion démocratique ne repose pas sur l’autorité de vérités mais sur le pluralisme des opinions sans lequel elle ne saurait exister et qu’il faut défendre. Sans doute faut-il promouvoir une culture du conflit démocratique et son jeu normal. Nous chercherons à développer cette hypothèse en la pensant au travers de quelques champs qui en incarnent l’expression.
>> La conférence aura lieu en salle 3, à la présidence de l’USMB à Chambéry. Elle est ouverte à tous et sans inscription.