Résumé
Cette thèse décrit un travail de recherche en Terminologie basé sur les principes de la Théorie Générale de la Terminologie et des normes ISO 1087-2019 et 704-2022. Ce travail a permis de créer, à l’attention des traductrices et traducteurs, une ressource terminologique en anglais, en français et en allemand, regroupant de manière structurée les concepts et les termes employés dans le domaine de la balance des paiements. Celle-ci est une branche des statistiques macroéconomiques fournissant des informations sur les relations économiques existant entre les entités liées à un territoire économique et le reste du monde. C’est un domaine institutionnalisé et normalisé à l’échelle internationale. La ressource créée est une ontoterminologie, c’est-à-dire que son système de concepts est une ontologie. La modélisation des connaissances comprend trois types de relations : la relation générique, la relation partitive et des relations associatives qui jouent un rôle dans le domaine de la balance des paiements. La relation qui structure l’ontologie est la relation générique. Cette recherche adopte la définition du concept comme une « unité de connaissance créée par une combinaison unique de caractéristiques » (ISO 1087-2019). Chaque concept est défini par intension, c’est-à-dire par l’indication de l’ensemble de ses caractéristiques essentielles, ou autrement dit, de son concept générique et de la caractéristique qui permet de le distinguer de celui-ci. Nous étudions les conditions à remplir pour assurer l’opérationnalisation, l’interopérabilité et la réutilisabilité de cette ressource terminologique. Ces conditions posent la question du format dans lequel les données sont présentées. L’ontoterminologie est mise à disposition au format RDF/OWL, ce qui permet de la soumettre à des requêtes SPARQL portant sur la structuration du système de concepts, sur les caractéristiques essentielles des concepts (notamment pour comparer la définition de deux concepts) et sur les relations entre concepts. En outre, la ressource terminologique doit être réutilisable par des humains, c’est-à-dire à même de servir au transfert de connaissances sans surcharge informationnelle. L’ontoterminologie fait l’objet d’une validation de son contenu par des experts et d’une validation sur le plan formel par des questions de compétence. La méthodologie mise en oeuvre est hybride : elle s’appuie sur des connaissances préalables acquises grâce à la traduction dans le cadre de notre activité professionnelle et sur l’analyse d’un corpus spécialisé multilingue constitué dans le cadre de cette recherche et utilisé à la fois pour attester l’existence de termes connus et à des fins heuristiques. Ce corpus est organisé en plusieurs types de textes, définis en fonction de la situation de communication qu’ils reflètent et des connaissances nécessaires à leur compréhension. Des patrons morphosyntaxiques sont définis sur la base de termes connus et permettent d’extraire à partir du corpus des candidats termes et d’en inférer d’autres. Tous les candidats termes sont ensuite soumis à une sélection et à une validation. La construction de l’ontoterminologie est effectuée au moyen de l’outil Tedi, lequel permet de modéliser chaque dimension de manière autonome. Dans la dimension conceptuelle, les concepts sont liés par la relation générique. L’ontologie est structurée à partir de sept concepts racines, à partir desquels tous les autres concepts sont définis par différenciation spécifique, c’est-à-dire en indiquant leurs caractéristiques essentielles. Dans la dimension linguistique, les concepts sont associés aux termes retenus, et pour chaque concept, une définition en langue naturelle est générée à partir de la définition en langage formel. Cette recherche a permis de mettre à disposition une ressource terminologique interopérable et qui pourra idéalement servir les traductrices et traducteurs dans le domaine de la balance des paiements.
Membres du jury:
Directeurs de thèse Christophe ROCHE Professeur à l’université Savoie Mont Blanc et Rute Costa
Hendrik Kockaert Président du jury
Silvia Piccini, Federica Vezzani Rapporteurs / Rapporteuses