Mathieu, futur ingénieur Polytech, fait un témoignage poignant au Palais des Nations – ONU

Publié le mer 9 Avr 2025

9 étudiants de Polytech Annecy-Chambéry ont participé à la Journée Internationale de la Conscience organisée au Palais des Nations – ONU à Genève, le 4 avril 2025. L’objectif ? Renforcer l’engagement collectif pour un monde plus juste et plus humain.

La Journée Internationale de la Conscience, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2019, vise à promouvoir une culture de la paix avec amour et conscience. Elle encourage les individus, les sociétés et les États à résoudre les conflits par le dialogue, la compréhension mutuelle et la compassion, plutôt que par la violence.

A cette occasion nos élèves ont assisté à des témoignages exceptionnels, notamment avec la collaboratrice Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, récompensé en 2018 pour ses efforts inlassables pour mettre fin aux violences sexuelles et aux conflits en République Démocratique du Congo (RDC) ; le Dr Chantal Chambu Mwavita, Ministre des droits humains en RDC ; ou encore S. E. Guila Clara Kessous, ambassadrice et artiste pour la paix de l’UNESCO.

Aux côtés des ambassadeurs de Love Force Foundation issus des 5 continents, ce sont 80 jeunes et étudiants qui étaient présents pour faire part de leurs cris d’indignation mais aussi de leurs riches propositions.

Mathieu, futur ingénieur Polytech, fait un discours poignant

Mathieu Chappaz, élève en première année de formation ingénieur à Polytech Annecy-Chambéry, a fait un discours poignant devant l’assemblée et a reçu une ovation. En voici un extrait :

Critiquer, c’est bien, mais agir, c’est mieux.
Si la conscience est un muscle, il faut l’entraîner.
Pas juste l’exhiber une fois l’an, comme un trophée en papier mâché.
Il faut l’exercer, la forger, la faire transpirer.
Car une conscience en bonne santé, ça ne reste pas assis,
Ça se lève, ça marche, ça bouge, ça agit.
Alors on peut
Donner
Pas des likes, mais du temps.
Pas des mots, mais des gestes.
Parce qu’un ventre vide ne se nourrit pas d’indignation,
Parce qu’un cri de douleur ne se soigne pas avec un post engagé.
Donner, c’est être le bras tendu, pas l’œil attendri.
Éduquer
Pas avec des punchlines, mais des faits.
Parce que la vérité ne tient pas en 280 caractères,
Parce que comprendre, c’est déjà résister.
Un peuple qui sait,
Est un peuple qu’on ne manipule plus. »

Mathieu Chappaz, futur ingénieur Polytech

Découvrez le discours dans son intégralité en vidéo à 03:09:00

Une expérience exceptionnelle dans le cadre de la formation ingénieur

Les élèves ingénieurs Polytech étaient accompagnés par Pascale Fressoz, présidente de l’Alliance Internationale pour les Objectifs de Développement Durable (AI-ODD), et co-organisatrice de la Journée Internationale de la Conscience.

Le multilatéralisme et la diplomatie ont besoin d’insuffler une nouvelle forme d’humanisme. Nous devons proposer un nouveau pacte basé sur la richesse de la diversité, la coopération, la coconstruction et la joie du partage. Nous savons tous que notre regard bienveillant et l’amour de l’autre sont plus puissants que la haine, pour conduire le changement. Cette journée a rassemblé des leaders de différentes nations pour que le changement soit collectif, avec une vision et une éthique partagée. »

Pascale Fressoz, enseignante en communication orale et écrite à Polytech

Le discours de Mathieu dans son intégralité

« Mesdames et Messieurs,

Honorables consciences bien installées,
Merci de me prêter une oreille attentive,
Même si, soyons honnêtes, elle restera peut-être sélective.


Après tout, ce n’est qu’un discours de plus,
Un parmi tant d’autres, un souffle dans l’abyssale indifférence,
Mais qu’importe : on est là pour la Journée de la Conscience.

Ah, la conscience… cette flamme qu’on rallume une fois par an,
Comme un vieux cierge d’église qu’on allume en tremblotant.
Un jour pour se donner bonne mine,
Un jour pour s’indigner, se sentir concerné,
Un jour pour dire “ça suffit”, avant d’oublier demain midi.

Un jour, c’est pratique :
Ça permet d’avoir l’air révolté, sans trop se fatiguer.
Comme un badge qu’on accroche sur son col,
Qui dit “Regardez, j’ai fait ma part !”
Puis on le range, bien à l’abri, jusqu’à l’année prochaine.

Mais heureusement, la nouvelle révolution est là !
On la porte dans nos poches, elle scintille à nos doigts,
Un appareil magique, un miroir aux alouettes,
Où l’on scande la paix… du bout des pouces.

Aujourd’hui, mes amis, on ne se bat plus avec des armes,
On se bat avec des hashtags.
On ne manifeste plus dans la rue,
On le fait dans nos stories, assis sur notre canapé.

Les guerres explosent, mais nous, on répond :
“Soutien total” ,“C’est horrible”, “Pray for peace”

Un enfant meurt sous une bombe ?
Vite, une réaction en emoji.
Un peuple entier disparaît sous les ruines ?
Partageons une infographie mal recadrée.

Les morts s’empilent, les drames se succèdent,
Mais tant qu’on met un filtre et un #NeverAgain,
Tout ira bien, n’est-ce pas ?

On veut changer le monde ? Très bien.
Mais pas depuis notre écran OLED.

L’indignation numérique, c’est joli,
Mais tant qu’elle ne sort pas du digital,
Elle reste une illusion, un effet de mode.

La guerre parfois c’est comme un produit en vitrine
Un conflit bien marketé, bien emballé,
Avec une couverture médiatique calibrée,
Des images chocs et des larmes à l’heure du dîner.

Un conflit pour exister, doit savoir captiver.
S’il est trop vieux il devient un détail de l’histoire,
S’il est trop lointain. Il devient un écho sans mémoire,
Alors on trie, on sélectionne,
On décide qui mérite l’indignation,
Et qui restera dans l’ombre du silence.

Mais dites-moi. L’odeur du sang change-t-elle selon la latitude ?
Les bombes ont-elles une préférence de longitude ?
Les guerres ont-elles une hiérarchie ?
Où est-ce simplement une question de géographie ?

Car voyez-vous, certaines guerres remplissent les places,
Elles s’habillent de drapeaux, elles résonnent dans les rues,
Elles deviennent des slogans, des symboles,
Elles ont droit aux projecteurs, aux discours, aux minutes de silence.

Mais d’autres n’ont pas cette chance.
Elles meurent dans un murmure,
Leurs victimes n’ont pas d’hashtag,
Leurs cadavres n’intéressent pas les caméras.
Les pleurs y sont étouffés,
Les massacres, classés sans suite.

Un enfant qui pleure sous une bombe,
Quelle que soit la terre sous ses pieds,
Pleure avec les mêmes larmes,
Hurle avec la même douleur,
Mais certains cris traversent les frontières,
Tandis que d’autres restent enfermés dans l’oubli.

Peut-être que la douleur a un drapeau,
Peut-être que la guerre a une hiérarchie,
Peut-être que certaines balles valent plus que d’autres.

Ou peut-être que la vérité, c’est que l’humanité a ses favoris.

Alors que faire ?
Critiquer, c’est bien, mais agir, c’est mieux.

Si la conscience est un muscle, il faut l’entraîner.
Pas juste l’exhiber une fois l’an, comme un trophée en papier mâché.
Il faut l’exercer, la forger, la faire transpirer.
Car une conscience en bonne santé, ça ne reste pas assis,
Ça se lève, ça marche, ça bouge, ça agit.

Alors on peut

Donner
Pas des likes, mais du temps.
Pas des mots, mais des gestes.
Parce qu’un ventre vide ne se nourrit pas d’indignation,
Parce qu’un cri de douleur ne se soigne pas avec un post engagé.
Donner, c’est être le bras tendu, pas l’œil attendri.

Éduquer
Pas avec des punchlines, mais des faits.
Parce que la vérité ne tient pas en 280 caractères,
Parce que comprendre, c’est déjà résister.
Un peuple qui sait,
Est un peuple qu’on ne manipule plus.

S’unir
Pas en silhouettes éparpillées, mais en force rassemblée.
Pas par habitude, mais par nécessité.
Car seul, on s’épuise, on murmure, on subit.
Mais ensemble, on résiste, on crie, on agit.
La paix ne vient pas d’une prière,
Ni d’un espoir lancé en l’air.
Elle naît des mains qui se serrent,
Des peuples qui refusent de se taire.

Et si vraiment on veut marquer l’Histoire,
Que notre passage ici laisse une empreinte,
Il ne faut pas juste être un spectateur de la paix,
Mais un acteur, un architecte, un bâtisseur.

Car au fond, la vraie question est simple :
Veut-on une conscience de façade,
Ou une paix véritable, durable, et incarnée ?

Parce que si la paix est un idéal, la conscience, elle, est un choix.
Un choix que nous devons faire dès aujourd’hui.

Alors oui, levons nos voix, mais surtout nos corps.
Que nos idées quittent l’écran,
Et que la paix soit plus qu’un décor,
Mais un combat, vivant et vibrant.

Merci. »

Mathieu Chappaz, futur ingénieur Polytech
 

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Photos : ©Alliance Internationale pour les Objectifs de Développement Durable