Ingénieur en Environnement, Bâtiment et Énergie, Gabriel Guillet est sorti diplômé de Polytech Annecy-Chambéry en 2019. Animé par la volonté de contribuer concrètement à la transition écologique, il fonde actuellement son entreprise pour concevoir et commercialiser des fours hybrides solaires-électriques à destination des boulangeries. Rencontre avec Gabriel, qui revient sur son parcours et sur les choix qui l’ont conduit à allier innovation et engagement environnemental.
- « Quel est votre parcours professionnel depuis l’obtention de votre diplôme d’ingénieur ?
J’ai d’abord travaillé en tant que chargé d’études CVC – EnR – QEB dans le secteur de l’énergie et du bâtiment pour l’entreprise “Plus De Vert” à Montpellier. J’intervenais principalement sur des projets en marchés publics pour lesquels le maître d’ouvrage visait de hautes performances énergétique et environnementale (centres scolaires, médiathèques, chaufferies urbaines, etc.). Lors de cette première expérience professionnelle, j’ai eu l’occasion de voir le milieu sous de nombreux aspects : que ce soit en maîtrise d’œuvre ou assistance à maîtrise d’ouvrage, en création ou rénovation, et de l’étude de faisabilité au commissionnement en passant par le suivi de chantier.
Ayant le désir de pousser plus loin les analyses techniques, je me suis ensuite orienté vers la recherche, tout en conservant l’efficacité énergétique et environnementale comme fil conducteur.

J’ai ainsi travaillé trois ans et demi en tant que doctorant pour le laboratoire IUSTI à Marseille. Mes travaux de recherche portaient sur le système de cuisson solaire du restaurant “Le Présage”. Ils visaient à expliquer les phénomènes physiques mis en jeux et à mesurer expérimentalement les performances du système. Les informations obtenues nous ont permis de concevoir des prototypes pour tester des améliorations. Dans le même temps, j’ai également enseigné dans l’école d’ingénieurs Polytech Marseille.
Fort de cette expérience, je travaille actuellement sur un projet entrepreneurial dont l’objectif est de satisfaire les besoins des artisans et petites industries via la concentration de l’énergie solaire, tout en respectant une démarche low-tech. Même si ce projet est d’abord technique, il me fourni l’occasion d’aborder d’autres problématiques telles que la notion de coût et le partage de la valeur, la propriété intellectuelle et la concurrence, la sobriété et la résilience.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur l’avancée de votre projet entrepreneurial ?
Plus précisément, dans ce projet d’entreprise, j’aimerais concevoir fabriquer et commercialiser des fours hybrides solaires-électriques à destination des boulangeries. L’utilisation d’énergie solaire doit permettre aux boulangeries de réduire leurs coûts et leur impact environnemental mais aussi de gagner en résilience. Par ailleurs, l’hybridation avec l’électricité permet d’assurer que le four reste fonctionnel quelle que soit l’heure ou la météo extérieure. Selon l’engagement de la boulangerie et l’adhésion de ses clients à cet engagement, le mix énergétique peut ainsi être plutôt électrique ou beaucoup plus solaire.
J’ai commencé à travailler sur ce projet au mois de septembre 2024. J’ai d’abord cherché une structure pour m’accompagner ; ainsi depuis janvier 2025 et pour 9 mois, je suis accompagné par l’incubateur “Ronalpia”. J’ai travaillé sur la formalisation de l’idée puis sur une étude commerciale qui est toujours en cours. J’ai aussi commencé à fabriquer un prototype à échelle réduite.

- Où en êtes-vous aujourd’hui dans cette aventure entrepreneuriale ?
J’aimerais prochainement réaliser les premiers tests avec le prototype pour pouvoir ensuite commencer la fabrication d’un démonstrateur à échelle réelle. En parallèle, l’étude financière et juridique me permettra de projeter l’entreprise sur les 3 prochaines années. Enfin, je chercherai sans-doute des collaborateurs pour prendre part à cette aventure avec moi. La création de l’entreprise et la commercialisation des premiers systèmes pourraient alors avoir lieu en 2026.
- Qu’est-ce qui nourrit votre engagement au quotidien ?
À la fin de mon doctorat, la voie de la recherche académique me semblait inaccessible et celle de la R&D dans un groupe international ne me convenait pas. Alors je me suis tourné vers l’entrepreneuriat et j’ai commencé à tracer ma propre voie.
Contribuer à la transition écologique au quotidien, autant personnellement que professionnellement, est très important pour moi. De plus, je pense que la technique ne peut pas être la solution à tous nos problèmes. Il faut aussi et surtout innover sur les plans économique et social : inventer de nouveaux modèles économiques, mieux coopérer, promouvoir la sobriété, mieux partager la valeur, etc. L’entrepreneuriat me permet de défendre mes valeurs et donner un sens à mon travail. C’est une source de motivation au quotidien.
Ce qui me passionne, c’est de pouvoir toucher à tout : un peu de R&D, un peu de contact humain, un peu de gestion de projet, un peu de créativité, etc. Par ailleurs j’apprends beaucoup, en particulier grâce à Ronalpia, incubateur spécialisé dans l’économie sociale et solidaire, et je rencontre d’autres entrepreneurs qui ont des idées géniales. C’est très stimulant !
- Que souhaiteriez-vous dire aux ingénieurs de demain ?
Les études d’ingénieur ouvrent un large paysage de perspectives, à vous de choisir votre direction selon vos appétences, vos motivations et les opportunités qui se présenteront. L’entrepreneuriat permet de tracer sa propre voie. Toutefois, ce n’est pas une voie facile tous les jours, alors n’y allez pas seul.e : associez-vous, partagez-vos idées, rejoignez une structure d’accompagnement ou un collectif d’entrepreneur.e.s. « Seul.e on va plus vite, ensemble on va plus loin ! » »
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