Entre les routes du Tour et les cours à Polytech : la double vie de Julie Bego

Publié le mer 29 Oct 2025

À seulement 21 ans, Julie Bego trace sa route entre les salles de cours de Polytech et les routes sinueuses des plus grandes courses cyclistes. Étudiante en 3e année en formation ingénieur Mécanique Mécatronique Matériaux composites et sportive de haut niveau au sein de l’équipe Cofidis, elle vient de boucler son premier Tour de France 2025, marquant les esprits en portant le maillot blanc de meilleure jeune pendant six jours. Avec lucidité et passion, Julie raconte son parcours et la force d’un double projet mené à pleine vitesse.

Entretien avec Julie, une jeune femme qui ne choisit pas entre passion et ambition

Julie Bego a grandi dans une famille où le sport était omniprésent : ski de randonnée, VTT, course à pied… Après une année d’athlétisme, elle s’est orientée vers le cyclisme à l’âge de 12 ans. “Un jour, il y avait une course de vélo près de chez moi, à Saint-Clair-de-la-Tour. J’ai participé avec mon VTT et mes pédales plates, et j’ai terminé deuxième au scratch et première fille. C’est là que j’ai su que je voulais faire du vélo en compétition.”

  • « Que vous apporte le cyclisme ?

Ce que j’aime avant tout, c’est tout simplement faire du vélo : jouer, m’amuser et prendre du plaisir en course. Je pense que ce sport, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, apporte énormément : il demande de la rigueur à l’entraînement, du dépassement de soi et de la persévérance. Mais il enseigne aussi l’humilité, car en vélo, on perd bien plus souvent qu’on ne gagne.
Le cyclisme, surtout au niveau professionnel, est aussi un vrai sport d’équipe. Cela m’a beaucoup appris : l’ouverture aux autres, l’esprit collectif, mais aussi la découverte de nouvelles cultures à travers les nombreux voyages.
Ce que j’aime dans le vélo, ce n’est pas seulement la compétition, mais aussi tout ce qu’il y a autour : les moments passés en équipe, les déplacements, les expériences partagées… Chaque course, chaque voyage est une nouvelle occasion de grandir et d’apprendre.

  • Pouvez-vous nous raconter votre expérience sur le Tour de France 2025 ?

J’ai eu la chance, avec mon équipe Cofidis, de savoir dès la parution du parcours que je participerais au Tour de France 2025. Cela m’a permis de me préparer sereinement. Nous avons notamment effectué un stage en altitude à Tignes au début du mois de juillet, pendant trois semaines.
En chiffres, le Tour de France, c’était 1 168,5 km répartis en 9 étapes, avec 18 125 m de dénivelé positif.
J’ai eu la joie de porter le maillot blanc de meilleure jeune pendant 6 jours — c’était incroyable de pouvoir monter sur le podium pour ma première participation au Tour de France !
Malheureusement, j’ai perdu le maillot blanc lors de l’étape 7, à l’arrivée à domicile, à Chambéry. Malade et affaiblie par des problèmes de dos, la fin de mon Tour a été difficile.
Je garde malgré tout de cette expérience un bon souvenir, même si un petit goût d’inachevé persiste. Mais une chose est sûre : je reviendrai l’année prochaine, déterminée à ramener le maillot blanc jusqu’à la fin !

  • Quel est votre rythme d’entraînement hebdomadaire ?

Je m’entraîne environ 20 heures par semaine sur le vélo. À cela s’ajoute tout le travail de gainage, de mobilité, de musculation et d’étirements quotidiens, qui sont essentiels à la réussite sportive.

  • Comment réussissez-vous à concilier études et pratique du cyclisme de haut niveau ?

Je pense qu’avant tout, il faut être motivé pour mener de front les deux projets et croire en son double parcours. Bien sûr, cela demande beaucoup d’organisation et de discipline, mais c’est très enrichissant.
Avec la professionnalisation du cyclisme, de moins en moins d’athlètes choisissent de poursuivre leurs études, les contraintes étant plus importantes qu’auparavant. Pourtant, je suis convaincue que continuer les études permet de garder les pieds sur terre, de côtoyer des personnes en dehors du monde du vélo, d’échanger sur d’autres sujets et de s’intéresser à autre chose. Cela apporte une vraie ouverture d’esprit.
Et puis, quand tu rates une course, le lendemain tu es en cours, et tu passes à autre chose !
Le vélo me permet de repousser mes limites physiques, tandis que les études me font grandir dans d’autres domaines. Ensemble, ils m’aident à être plus épanouie et à me développer personnellement, dans mon sport comme dans la vie, car une carrière n’est, rappelons-le, qu’une courte partie de notre vie.

  • Bénéficiez-vous d’aménagements particuliers pour suivre vos études tout en pratiquant votre sport ?

Avec Polytech, je bénéficie d’aménagements spécifiques pour concilier études et sport. J’ai réalisé mon cycle préparatoire PeiP en 3 ans au lieu de 2, et j’étale actuellement ma 3ᵉ année de cycle ingénieur sur 2 ans, ce qui me permet de n’avoir que la moitié des matières et me libère du temps pour m’entraîner.
De plus, j’ai droit à un étudiant preneur de notes rémunéré par l’université, qui m’envoie les cours lorsque je suis absente. Je peux également déplacer mes examens si je ne peux pas y assister, et j’ai un accès privilégié à la salle de musculation de l’université.
Tout cela m’aide beaucoup dans la réalisation de mon double projet.

  • Quels sont vos objectifs, sportifs et professionnels, pour les années à venir ?

Mon rêve sportif serait de gagner les plus grandes courses du monde comme le tour de France, Liège Bastogne Liège. Mais il reste beaucoup de progrès à faire et le chemin est encore long avant de pouvoir y arriver.
Professionnellement, j’aimerais rester dans le milieu du vélo, mais cette fois en tant qu’ingénieure. J’ai toujours adoré la recherche de la performance, et je souhaite contribuer au développement des vélos. Mon futur diplôme d’ingénieure en matériaux composites devrait m’y aider !

  • Quel conseil aimeriez-vous transmettre aux futurs étudiants de Polytech ?

Croyez en vos rêves et donnez-vous les moyens de les réaliser. N’ayez pas peur de sortir des chemins tracés : c’est en suivant sa propre route que l’on avance vraiment. »