Entretien avec Anne Loison

Publié le mar 28 Avr 2015

Anne Loison, directrice de recherche CNRS, développe depuis de nombreuses années le programme des activités du groupe chambérien du Laboratoire d’Écologie Alpine (LECA) autour de la question des relations plantes-herbivores dans le milieu de montagne.

Sa thèse soutenue en 1995 et après avoir passé quatre années de post-doctorat en Norvège et sept années à l’Université Lyon 1, Anne Loison spécialiste en écologie évolutive et fonctionnelle des populations de grands mammifères, rejoint l’Université Savoie Mont Blanc en 2007 et plus particulièrement le Laboratoire d’Écologie Alpine (LECA), laboratoire en cotutelle USMB et Université Grenoble Alpes. Le LECA, grâce à sa dimension multi-thématique, lui apporte une richesse d’échanges. Les chercheurs de l’équiper de l’Université Savoie Mont Blanc sont spécialisés sur les interactions entre espèces. Anne Loison élargit alors ses recherches, qui portaient sur la démographie et l’écologie évolutive des grands mammifères, particulièrement dans l’arctique et en montagne, en développant un nouvel axe au laboratoire, ancré dans l’écologie fonctionnelle. Les chamois et les milieux de montagne en sont l’objet d’étude privilégié.

Les milieux de montagne sont soumis à des changements rapides liés aux modifications du climat et de l’utilisation des terres. Dans le même temps, les grands herbivores ont augmenté en nombre et en distribution de façon spectaculaire au cours des 40 dernières années. Ainsi, rien qu’en Savoie/Haute-Savoie, les effectifs de cerfs ont été multipliés environ par 500, de chevreuils environ par 10, de chamois environ par 5, de mouflons par 20. Si tout un chacun est bien conscient des effets des tondeuses et sécateurs dans les parcs et jardins, il est moins évident d’évaluer le rôle de ces « tondeuses et sécateurs naturels », qui paissent et broutent toute l’année, sur les communautés végétales et les paysages.

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Son terrain d’étude principal est le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges, où, en collaboration avec des partenaires chercheurs et gestionnaires, elle et l’ensemble de l’équipe chambérienne, étudient des animaux équipés de colliers visuels et GPS, et où ils suivent la dynamique des paysages et les communautés végétales.

Les herbivores sauvages ne sont pas seuls en montagne et leur présence est importante pour différents acteurs socio-économiques, tels les chasseurs, les forestiers, les éleveurs, les touristes, les pratiquants de sports de montagne. Le groupe de chercheurs étudie donc également leurs interactions avec ces différents acteurs, et l’impact des différentes pratiques récréatives sur la faune sauvage, notamment en collaboration avec le laboratoire Environnements, Dynamiques et Territoires de Montagne (EDYTEM) de l’Université Savoie Mont Blanc.

EN SAVOIR PLUS SUR L’ÉQUIPE CHAMBÉRIENNE DU LECA

L’équipe composée de cinq enseignants-chercheurs et chercheurs, est fédérée autour du rôle des herbivores sur le fonctionnement des écosystèmes, chaque chercheur exerçant ses compétences particulières autour de cet axe :

  • réponses chimiques des plantes à l’herbivorie ;
  • réponses physiologiques des plantes lorsqu’elles sont « attaquées » par des herbivores ;
  • structure des réseaux d’interaction entre herbivores, petits et grands, et plantes, et la conséquence de ces structures de réseaux sur le fonctionnement du triptyque herbivore-plantes sol ;
  • génétique et évolution des populations des grands herbivores.

Le groupe ainsi formé, qui inclut également des compétences l’équipe grenobloise, a pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement des anthropo-écosystèmes de montagne, par l’angle des interactions entre espèces, … homme compris.