Encore une collaboration porteuse entre un laboratoire de l'Université Savoie Mont Blanc et l'entreprise Salomon

Publié le lun 18 Mai 2015
LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE DE L’EXERCICE (LPE) DE L’UNIVERSITÉ SAVOIE MONT BLANC, EN COLLABORATION AVEC L’ÉQUIPEMENTIER SALOMON, DÉVELOPPE UNE NOUVELLE MÉTHODE D’ANALYSE DE LA FOULÉE EN CONTINU

Avec le concours de l’équipementier Salomon et de Kilian Jornet, multiple champion du monde de skyrunning et de ski alpinisme, une nouvelle méthode d’analyse de la foulée en continu a été mise en place par Marlène Giandolini dans le cadre de sa thèse dirigée au sein du Laboratoire de Physiologie de l’Exercice (LPE), par Pierre Samozino (Université Savoie Mont Blanc) et Jean-Benoît Morin (LAHMES, Université de Nice) : A simple field method to identify foot strike pattern during running, J Biomech, 2014.

Pour mener à bien ses recherches, Marlène Giandolini a bénéficié du partenariat entre le LPE et l’entreprise Salomon, dans le cadre d’une thèse CIFRE qu’elle soutiendra en novembre 2015. Le laboratoire a apporté son expertise scientifique lors de la mise au point et la validation de cette nouvelle méthode alors que l’entreprise Salomon fabriquait dans ses ateliers des prototypes de chaussures de course à pied spécialement conçus pour accueillir les différents capteurs nécessaires à plusieurs expériences scientifiques réalisées directement sur le terrain, dont une lors d’une compétition officielle de Trail Running.

Cette expérience a ainsi permis d’analyser un nombre considérable de pas (55 000 pas) puisqu’elle s’est déroulée lors de la participation de l’athlète Kilian Jornet à l’édition 2013 de la Kilian’s Classik, qui a lieu chaque année à Font Romeu, sur une distance de 45 kilomètres présentant un dénivelé positif de 1627 mètres.

LES OBJECTIFS ET  ENJEUX

Les objectifs de ce travail de recherche sont multiples. Pour le LPE, il s’agit de franchir un cap dans la compréhension des mécanismes biomécaniques de la foulée, d’en proposer un système d’analyse efficace et d’étudier ses effets sur la fatigue neuromusculaire et la performance sur des épreuves de course à pied de longue durée réalisées dans le milieu montagnard (dénivelés importants, terrain instable, …). Pour l’entreprise Salomon, l’enjeu est d’utiliser cette meilleure compréhension biomécanique et neurophysiologique de la pratique afin de développer des équipements toujours plus adaptés aux compétiteurs de haut niveau, mais également aux coureurs amateurs.

marlene-bracelet

LA MÉTHODE MISE EN PLACE

Afin de pouvoir analyser la technique de pose de pied lors de la course, Marlène Giandolini a utilisé deux accéléromètres sans fil synchronisés et positionnés sur la chaussure au niveau du talon et de l’avant-pied. Le principe est simple : lorsque que le talon touche le sol, l’accéléromètre mesure une brusque décélération du pied, enregistrée par un pic sur le signal de l’accéléromètre positionné au niveau du talon. Le même pic de décélération est mesuré par l’accéléromètre positionné sur l’avant-pied, lorsque celui-ci touche le sol à son tour.

L’attaque du sol par le pied du coureur est une attaque talon si le pic de décélération du talon apparaît avant celui de l’avant-pied. Si c’est le contraire, c’est que le coureur attaque le sol l’avant du pied. Si le délai séparant les deux pics est proche de zéro, on en déduit que le coureur a fait une pose de pied à plat. Lors de l’édition 2013 de la Kilian’s Classik, les données ont pu ainsi être enregistrées sur une carte SD, tandis que le GPS que Kilian Jornet portait sur lui a permis la synchronisation des informations de pose de pied, du type de terrain (en descente, sur le plat, sur des cailloux, sur de la terre) mais aussi de l’état de fatigue du coureur.

accelerometre

La première conclusion de l’étude valide entièrement la méthode mise au point par Marlène Gandolini puisqu’elle prouve qu’elle peut être appliquée en conditions réelles de course en montagne.

La deuxième conclusion permet de mettre en valeur le caractère atypique de la foulée de Kilian Jornet. 49 % de ses pas lors de la course sont des poses avant-pied (forefoot strike), 33 % des poses de pied à plat (midfoot strike) et seulement 18% des attaques talon (rearfoot strike). Et encore plus étonnant, la pente ne change pas grand-chose à sa manière de poser le pied au sol. Ces données contrastent fortement avec l’ensemble de la communauté des coureurs, dont 80% sont naturellement rearfoot strike, 15% midfoot strike et seulement 5% forefoot strike, mais aussi avec le type de foulée des coureurs de l’ultra-endurance. Il ne faut pourtant pas prendre ces résultats des autres études au pied de la lettre, car celles-ci n’ont été faites que sur un nombre limité de pas. De plus, il faudrait pouvoir reproduire cette étude avec d’autres analyses complémentaires avant d’affirmer que le type de foulée adopté par Kilian Jornet lui apporte un véritable avantage en compétition.

La question reste en effet entière. Il semblerait que sa pose de pied au sol par l’avant du pied lui permette d’être plus efficace et donc plus rapide sur une longue distance. À moins que sa physiologie, hors du commun, lui permette de produire assez d’énergie pour préserver une brièveté des appuis sur le sol, que ses concurrents ne peuvent maintenir du fait de leurs moindres capacités physiques. Dans le premier cas, le secret de la vitesse, c’est la foulée. Dans le second, le secret de la foulée, c’est la vitesse !

Les variables psychologiques, physiologiques et génétiques, qui influent sur la foulée d’un coureur, incitent aussi à la prudence. Une chose est certaine : Marlène Giandolini, grâce à l’étroite collaboration entre le LPE et l’entreprise Salomon, a mis au point une méthode d’analyse applicable en course, qui est un nouvel outil d’exploration pour les chercheurs, mais qui pourrait également l’être pour les compétiteurs ou les simples pratiquants de la course à pied qui cherchent à améliorer le style de leur foulée.

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  • Dans les pas de Killian : ici
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