Un colloque transdisciplinaire pour explorer des solutions de cohabitation durables entre les activités récréatives et la faune sauvage

Publié le mer 26 Avr 2023 ilustration 1

Organisé dans le cadre du projet inter et transdisciplinaire (HUMANI), le colloque « Cohabitation entre pratiques récréatives et faune sauvage » a réuni plus de 90 personnes du 29 au 31 mars 2023 sur le site du Bourget-du-Lac. Ce projet, financé par l’ANR (2019-2023), est à la croisée de la sociologie, de la géographie, de l’écologie et de la gestion de la nature. Du côté de l’université Savoie Mont Blanc, ce sont le Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA), le laboratoire Environnements, Dynamiques et Territoires de Montagne (EDYTEM), ainsi que le Centre de recherche en droit Antoine Favre qui ont été impliqués.

Lier la recherche à la gestion des espaces naturels

Le projet HUMANI vise à étudier conjointement les pratiquants d’activités récréatives et l’impact de la présence humaine sur la faune sauvage dans les territoires de montagne. Le colloque, organisé avec l’Université de Limoges, l’Université de Lausanne et l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et l’USMB, est né du souhait d’élargir la question du « vivre ensemble » aux zones côtières et rurales, en mettant l’accent sur le lien entre la recherche universitaire et la gestion des espaces naturels, particulièrement affectés par les défis de la protection de la nature et de la récréation humaine.

Un programme dense entre conférences et sessions de communications…

Trois conférences plénières, données par Sergio Dalla-Bernardina, ethnologue professeur à l’Université Bretagne occidentale (« L’homme qui a vu un porc-épic. Mystique du sauvage et éco-voyeurisme ethnologue »), Antoine Doré, sociologue CR-INRAE à Toulouse (« La nature, un terrain de jeux sérieux ! Quand les animaux changent la donne ») et Francesca Cagnacci, écologue et professeur à l’université de Trente en Italie (« Superpredators and supercompetitors: the ecological niche concept in the Anthropocene »), ont permis de prendre du recul sur les enjeux de cohabitation entre pratiques récréatives et faune sauvage, en exposant plusieurs facettes, ethnographique, historique, sociale ou encore écologique, de la relation des humains avec le vivant.

Les cinq sessions de communication ont permis d’approfondir ces différentes facettes en abordant la relation au sauvage dans les pratiques de la chasse et de réensauvagement, ou encore la gestion des rencontres animales dans les espaces protégés ou labellisés. Ont également été discutés les systèmes de valeurs et les perceptions des pratiquants d’activités récréatives à l’égard des animaux sauvages, la question de la conciliation des pratiques territoriales avec la préservation des espèces et enfin les effets de la présence humaine dans les milieux naturels pour une cohabitation apaisée. Plusieurs de ces communications ont été proposées à deux voix, présentant des travaux reposant, dans l’esprit d’HUMANI, sur des approches interdisciplinaires.

… ainsi qu’ateliers et sortie sur le terrain

Deux ateliers ont été proposés par les gestionnaires d’espaces protégés et les acteurs de la préservation des espèces. Un de ces ateliers a été proposé par le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) de Haute-Savoie questionnant le ré-ensauvagement comme modalité de gestion du partage de l’espace entre activités de loisirs et faune sauvage. Le second a été proposé par le Parc Naturel Régional (PNR) du massif des Bauges, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), l’association Air événement et le CEN de Haute-Savoie, s’intéressant à la cohabitation entre les rapaces rupestres et le pratique du vol libre et vol à voile.

Le jeudi après-midi a été consacré à une sortie terrain dans un des terrains de l’ANR Humani, la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS), co-gérée par le PNR du Massif des Bauges, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et l’Office National des Forêts (ONF). Outre l’observation des systèmes de capture des animaux et de chamois au travers de longues-vues, cette sortie, encadrée par des agents de l’OFB, a été l’occasion de discuter des enjeux de gestion des espèces animales sur ce territoire.

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Mieux gérer la coexistence humains-animaux

La tenue de ce colloque, les exposés et débats auxquels il a donné lieu, et la participation à la fois des gestionnaires, étudiantes, étudiants, chercheuses et chercheurs de plusieurs disciplines a démontré le besoin d’une curiosité interdisciplinaire et de plateformes de discussions, nécessaires pour mieux comprendre et gérer la coexistence humains-animaux.

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