Retour sur la 1ère édition des Rencontres de l’USMB “Des tunnels, des territoires et des hommes – Regards sur les enjeux contemporains des traversées alpines”

Publié le mar 31 Oct 2017

Fin octobre, à la présidence de l’USMB, le président Denis Varaschin a inauguré un nouveau cycle d’échanges universitaires : « Les Rencontres de l’Université Savoie Mont Blanc ».

Un nouveau cycle : « Les Rencontres de l’Université Savoie Mont Blanc »

Ces rencontres se tiendront deux fois par année académique avec comme objectif, à l’instar de nombre d’établissements d’enseignement supérieur, de soulever dans le contexte académique et apaisé de l’université, des sujets de société de première importance, complexes, sensibles voire controversés. Elles réuniront des universitaires spécialistes du sujet, français·e·s et étranger.e.s, et des professionnel·e·s, acteurs et actrices des thèmes étudiés. Elles contribueront à diffuser une information de première main permettant de nourrir la connaissance, la réflexion et le débat.

Denis Varaschin, président de l’USMB ouvre la 1ère Rencontre de l’USMB

Une première rencontre qui a suscité le débat

La première Rencontre s’est tenue le mercredi 25 octobre sur le thème « Des tunnels, des territoires et des hommes : regards sur les enjeux contemporains des traversées alpines ». L’invitation avait été adressée aux membres de l’université et à ses partenaires institutionnels. De toute évidence, le contexte du sommet franco-italien tenue à Lyon le 27 septembre et le thème ont joué en faveur de la soirée, l’amphithéâtre Decottignies ayant été pris d’assaut par de nombreuses et nombreux autres citoyen.ne.s.

Les présentations, coordonnées par Jean Varlet, professeur de géographie à l’USMB et chercheur au laboratoire Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (EDYTEM), ont été introduites par un exposé de Kevin Sutton, maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes, qui a présenté la dynamique des grandes traversées ferroviaires alpines en service et en chantier. Les questions de la composition et de la recomposition des territoires, de la contextualisation d’ensemble, des vitesses de transport et du report modal, de l’importance du référentiel ont été évoquées. In fine, Kevin Sutton a conclu sur la difficultés à comparer des projets et des réalisations, mais aussi sur la nécessité de ne pas transposer sans précaution les expériences suisses et autrichiennes.

Introduction scientifique de Kevin Sutton, maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes et chercheur au laboratoire PACTE

D’où l’intérêt de la prise de parole de Pascal Bovey, délégué à la mobilité du canton du Valais (Suisse), qui a insisté sur l’importance de coordonner les projets de court et moyen termes avec les visions stratégiques. Selon lui, les nouvelles infrastructures n’apportent pas nécessairement de nouvelles clientèles, mais de nouvelles mobilités des personnes et des biens. Pareille évolution oblige à repenser le territoire, son aménagement, son habitat et les conditions de vie offertes.

Puis Louis Besson, ancien ministre des Transports et actuel président de la délégation française de la Commission intergouvernementale franco-italienne pour la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin, a présenté le dossier en l’insérant dans son contexte évolutif national et européen. Selon lui, à l’origine, la « nécessité » du projet était plus invoquée que son « utilité ». Après avoir combiné approches nationales et internationales, notamment européennes, il a au final évoqué « la victoire définitive du rail sur la route ».

Ensuite, le public a bénéficié d’informations sur les choix techniques et le chantier en cours avec la présentation de Xavier Darmendrail, directeur des Procédures, Accords et Concertations – France, Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT), qui a notamment indiqué qu’aujourd’hui 12,5 % des travaux d’excavation ont été réalisés avec une progression quotidienne de 10 mètres environ.

De gauche à droite : Xavier Darmendrail, Louis Besson, Denis Varaschin, Kévin Sutton, Pascal Bovey et Patrick Diény.

Enfin, Patrick Diény, coordonnateur de la Mission Grand Chantier Lyon-Turin à la préfecture de la Savoie, a rappelé les missions de la démarche Grand Chantier qui permet une réflexion sur « l’avant et l’après » des projets, et présenté le contrat de territoire Maurienne.

Les exposés et le débat, qui ont bénéficié de l’écoute approfondie de l’auditoire, ont aussi révélé combien le sujet n’est pas consensuel. Les discussions ont finalement moins porté sur les aspects environnementaux du projet du Lyon-Turin ou les notions de proximité et d’éloignement que sur son utilité et son intérêt au regard des trafics observés et de leurs évolutions envisageables,  alors que le tunnel historique du Mont-Cenis a été modernisé, sa rentabilité, son financement, la position italienne ou ce qu’il convient de faire en attendant 2030. Il aura notamment conduit à laisser s’exprimer franchement les uns et les autres. La libre parole de Pascal Bovey pour qui il « semble manquer en France, quelques volontés politiques » pour favoriser le report modal, renvoyant dos-à-dos « Bonnets rouges » et ministres insuffisamment engagé·e·s à ses yeux, a été particulièrement remarquée.

Une soirée animée par Jean Varlet, professeur à l’Université Savoie Mont Blanc et chercheur à EDYTEM

Celles et ceux qui avaient une opinion tranchée sur le sujet n’auront probablement pas changé d’avis. Les autres auront pu s’en faire une à l’issue de cette soirée qui a sensiblement dépassé le cadre horaire prévu, signe de l’attachement partagé à la définition d’un développement raisonné et durable pour le territoire Savoie Mont Blanc.

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Contact : Eric Brunat, référent « développement territorial » à l’USMB