Étudiantes et étudiants de l’USMB et entreprises du territoire au cœur de l’innovation des équipements sportifs

Publié le jeu 4 Avr 2019

Harenum, Glove’s project, Cush’Running...  Autant de noms originaux que de projets innovants liés à la pratique sportive. Chaque année, dans le cadre de leurs projets tuteurés, les étudiantes et étudiants du master STAPS – Ingénierie et ergonomie de l’activité physique (IEAP) de l’UFR Sciences et Montagne doivent développer un équipement sportif innovant sur une période de 6 mois. Chaque projet met en place un protocole et des phases d’expérimentation pour évaluer le produit (ses caractéristiques techniques, sa performance, évaluer la concurrence existante, etc.) et bénéficie parfois du savoir-faire d’une entreprise professionnelle du territoire afin d’élaborer un prototype. Cette année, plusieurs équipes ont travaillé avec des entreprises du territoire : c’est par exemple le cas des projets Heat Secure Controller, Vein’active ou encore Safe Socks.

Les étudiantes et étudiants font d’abord appel à leurs connaissances et compétences acquises en cours (mécatronique, analyse de brevets, ingénierie, etc.) et sont encadrés par des enseignants-chercheurs de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) qui suivent les différents projets sur les volets innovation et recherche, chacun amenant sa spécialité de recherche. Un intervenant extérieur conseille également les équipes sur la gestion de projet (planning, mise en place des étapes clés, etc.). Les équipes doivent ensuite rédiger un rapport de recherche et présenter leur projet et leur prototype devant un jury, afin d’être évalués. Certaines pousseront leur projet jusqu’à développer leur entreprise (ce fut le cas du projet Wens), tandis que d’autres projets pourront être repris par des entreprises partenaires dans lesquelles les étudiants effectueront un stage pour développer leurs prototypes.

« Même si leur projet n’aboutit pas forcément à une commercialisation, toutes les étudiantes et tous les étudiants prennent un réel plaisir à travailler ensemble et à innover autour d’un projet commun. Et puis il y a toujours ce petit moment sympa après la présentation des projets devant le jury, où le public attribue des prix virtuels pour financer les meilleurs projets » termine Frédérique Hintzy, responsable du Master STAPS-IEAP.

HEAT SECURE CONTROLLER (HSC) : UN BRANCARD CHAUFFANT POUR LE SECOURS EN MONTAGNE

Pour leur projet tuteuré, Benoit Abel, Mathieu Bouhet, Yann Bulteau, Thibaut Chamoux, Hervé Di Domenico et Robin Drouard, ont décidé de développer un système chauffant s’intégrant au brancard des secours en montagne. Il prend la forme d’un matelas chauffant apportant de la chaleur, contrairement aux couvertures de survie actuellement employées qui ne font qu’isoler la victime du froid. L’objectif du dispositif est de limiter les déperditions de chaleur de la victime et de lui apporter plus de confort pendant le transport, de la montagne jusqu’à l’hôpital.


Le brancard avec le prototype intégré (mousse bleu clair, des résistances sont noyées dans la mousse), piloté par un système d’alimentation et de contrôle.

« Ce projet est survenu suite à une étude auprès des secouristes sur leurs difficultés pendant les interventions en haute montagne. Nous avons rencontré plus d’une trentaine de personnes du métier dans différentes bases des Alpes ainsi que des médecins. Nous avons remarqué que l’équipement le plus utilisé était le brancard. Ce dernier dispose de nombreux atouts, mais les secouristes devaient utiliser du matériel supplémentaire, du papier bulle, pour améliorer l’isolation de la victime. Cela prend du temps aux secouristes sur le terrain et donc impacte la durée de la prise en charge de la victime. Nous nous sommes dit qu’il y avait peut-être une innovation à faire de ce côté. » explique Robin, qui a mené l’étude auprès des secouristes et rédigé le cahier des charges du projet HSC.

Après une étude de terrain et une modélisation 3D du système, l’équipe réalise une analyse fonctionnelle de leur prototype et démontre expérimentalement que le HSC améliore significativement la sensation de chaleur et le confort thermique des sujets, et que la température cutanée moyenne de ceux-ci était plus élevée qu’avec le système actuellement en place. Pour la phase expérimentale, les étudiants bénéficient de l’aide de TSL Rescue, entreprise située à Annecy qui fabrique les brancards utilisés par les secours en France, qui leur prête un exemplaire de leurs produits afin de reproduire au mieux les conditions d’un secours en montagne. Pour réaliser les tests en condition d’hypothermie légère, pour des raisons évidentes de sécurité des sujets, l’équipe s’est entourée de médecins qui apporte son conseil et son aide pour trouver les meilleurs paramètres de chauffe pour ce système innovant.

Vein’active : des semelles à billes pour améliorer le retour veineux

Edith Apprioual, Lisa Richard, Elodie Gonon et Adèle Mornas, se sont quant à elles penchées sur un problème de santé : plus de 22% de la population active française travaille debout ou piétine dans son quotidien professionnel, entraînant parfois un phénomène de jambes lourdes en fin de journée. S’il existe aujourd’hui des semelles à picots ou renforts pour pallier au retour veineux, aucune d’entre elles ne propose de technologie à mécanisme mouvant. Les étudiantes ont donc pensé à un système de billes de gel contenues dans une semelle pour stimuler davantage la voûte plantaire et améliorer la circulation sanguine.

« Notre attrait pour la traumatologie, les problèmes de santé, et plus particulièrement la santé au travail nous a mené à choisir ce projet. Nous avons tout d’abord réalisé une étude bibliographique sur le retour veineux puis un benchmark sur les solutions existantes permettant de minimiser le phénomène de jambes lourdes au travail chez les personnes qui piétinent. Nous avons ensuite fait appel à des fournisseurs en matériaux de podologie, Crispin, Capron et Sidas, qui nous ont envoyé des échantillons de matériaux. » témoigne Adèle.

L’équipe sollicite également un podologue qui les aide à choisir les matériaux les plus adéquats et à réaliser le prototype de semelles. Des tests sont ensuite réalisés en conditions réelles avec la participation de pharmaciennes et de restauratrices sur leur lieu de travail (prise de mesures de diamètres de mollets plusieurs fois par jour pour contrôler le retour veineux).

Safe Socks : une guêtre innovante pour pratiquer le swim-run

Nouvelle discipline, le swim-run est un sport alternant la course à pied et la natation sur des distances plus ou moins longues. Du fait de sa récente apparition, ce sport ne possède pas encore d’équipements spécifiques pour sa pratique : des aspérités peuvent en effet se glisser dans la chaussure lors du changement de terrain, ce qui peut entraîner de l’inconfort pour le pratiquant voire une blessure. Hugaux Deshoulles, Elliot Kiecken, Simon Marulier et Cindy Bouin ont donc choisi de se lancer sur une innovation totale, aucune guêtre spécifique n’existant jusqu’à présent.

« Le champ des possibles est relativement large et c’est un réel avantage pour nous. C’est pour cette raison que nous avons choisi de s’y intéresser car tout reste à faire en matière d’équipement adéquat pour la pratique du swim-run. On travaille encore au développement du produit avec BV Sport, une entreprise industrielle dans le secteur du textile sportif  » explique Hugaux.

Après avoir établi un cahier des charges et signé une clause de confidentialité avec l’entreprise pour un possible futur développement, l’équipe de Safe Socks réalise un prototype avec l’aide d’un autre industriel, CTC, qui lui fourni des conseils sur les matières à utiliser et sur le prototypage. Les étudiantes et étudiants sont convaincus que ce projet est un réel avantage pour eux et pour leurs débuts dans le milieu industriel. Leur objectif ? Réussir à sortir un produit adapté à la pratique du swim-run et commercialisable rapidement.

Un pas de plus vers le monde professionnel

Le projet tuteuré permet de mettre en pratique une grande partie de ce que les étudiantes et étudiants découvrent pendant leur formation. Il permet à chacune et à chacun d’approfondir ses connaissances, d’apprendre à gérer un projet dans son intégralité  dans un délai imparti, mais surtout à se préparer au mieux à entrer dans le monde du travail.

« C’est un ensemble de compétences que nous mettons au service de notre projet : l’analyse du besoin, la créativité, le déroulement d’une étude scientifique, le traitement des données, l’expression des résultats, la rédaction d’un article scientifique et surtout le travail en équipe. Ce projet nous permet de nous projeter dans la vie professionnelle car nous l’avons mené comme si nous étions une start-up. Nous sommes aujourd’hui conscients du travail à fournir pour développer un produit dans son ensemble. Cette expérience nous a donné le goût d’entreprendre et nous avons apprécié être autonomes tout au long du projet. Nous avons pu mettre en application l’ensemble des connaissances acquises au cours de notre cursus. Ce projet est une bonne transition entre l’université et l’insertion professionnelle. » explique Alexane Vidalie , qui a travaillé sur le projet JAJAB, un outil de diagnostic des risques physiques liées à l’activité professionnelle qui s’adresse notamment aux ergonomes.

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