Des scientifiques de l’USMB analysent l’impact de la crise climatique sur les déstabilisations rocheuses dans le massif du Mont-Blanc

Publié le jeu 9 Jan 2025 article destabilisations rocheuses mb

Une étude récente conduite par des chercheuses et chercheurs des laboratoires Institut des Sciences de la Terre (UGA/CNRS/USMB/IRD/Université Gustave Eiffel) et Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (CNRS/USMB) – tous deux rattachés à l’Observatoire des sciences de l’Univers de Grenoble (OSUG) – et du laboratoire Biogéosciences (uB), révèle que les déstabilisations rocheuses dans le massif du Mont-Blanc ont plus que doublé depuis le début du XXe siècle. Ces travaux, publiés dans la revue scientifique Earth and Planetary Science Letters, montrent que cette recrudescence est directement liée à la crise climatique.

UNE MÉTHODOLOGIE INNOVANTE POUR RÉVÉLER L’ACCÉLÉRATION DE L’ÉROSION DES PAROIS ROCHEUSES

Afin de quantifier l’impact de la crise climatique sur les déstabilisations rocheuses, les chercheuses et chercheurs ont combiné deux approches complémentaires : un inventaire détaillé des déstabilisations rocheuses récentes et l’analyse de marqueurs géochimique naturels appelées isotopes cosmogéniques, comme le béryllium-10, qui se forment sous l’effet des rayons cosmiques. Ces marqueurs permettent de quantifier l’érosion des roches sur le long terme.

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Légende : à gauche : une moraine (amas de débris rocheux érodé et transporté par un glacier) en cours d’échantillonnage, à droite, un exemple de déstabilisation observée à la Tour Ronde (août 2022).

Entre 2007 et 2011, les déstabilisations de plus de 100 m³ dans le bassin versant de la Mer de Glace ont été inventoriées grâce à un réseau de professionnels de la montagne, mobilisés dans une démarche de science participative. Pour étudier les chutes de pierres de plus petite ampleur, les chercheuses et chercheurs ont utilisé la technologie LiDAR – un outil de télédétection permet l’acquisition de données en trois dimensions à très haute résolution via le temps de propagation d’une impulsion laser sur la surface des parois rocheuses visées, et ont réitéré ces acquisitions à de multiples reprises.  Cette méthode permet de repérer les zones où des morceaux de roche se sont détachés avec le temps. En parallèle, des débris rocheux issus d’anciennes déstabilisations ont été étudiés afin de mieux comprendre l’intensité des processus érosifs passés.

Les résultats révèlent une accélération marquée de l’érosion : les taux d’érosion des parois du massif ont doublé, passant de moins de 2,2 mm/an au début du XXe siècle à plus de 4,1 mm/an sur la période 2006-2011.

Au sein de l’équipe de recherche, une chercheuse et deux chercheurs sont issus de laboratoires de l’USMB : Léa Courtial-Manent, docteure au sein du laboratoire ISTerre, Jean-Louis Mugnier, chercheur CNRS au sein du laboratoire ISTerre, et Ludovic Ravanel, chercheur CNRS au sein du laboratoire EDYTEM.

DES PERSPECTIVES POUR ANTICIPER LES RISQUES D’ÉROSION EN HAUTE MONTAGNE

Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la thèse de Léa Courtial-Manent (soutenue le 18 décembre 2024), financée par l’OSUG et par l’USMB. Ils ont déjà valu à l’équipe le “1er prix du poster” lors de l’International Symposium on Landslides à Chambéry en juillet 2024 et ouvrent des perspectives importantes pour mieux estimer et anticiper les risques liés à l’érosion en haute montagne dans un contexte de crise climatique. Ces résultats mettent en lumière l’urgence de prendre en compte la crise climatique dans les stratégies de gestion des risques naturels en haute montagne.

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