Soutenance de thèse de Mélody MAILLIEZ

7 décembre 2018 14:00

Le vendredi 7 décembre 2018, Mélody MAILLIEZ, doctorante en PCN – Sciences cognitives, psychologie et neurocognition au Laboratoire de Psychologie et Neurocognition (LNPC), soutiendra sa thèse « Interaction entre les influences incidentes et intégrées des émotions : rôle de l’évaluation cognitive de certitude ».

La soutenance se tiendra à 14h, en salle 23119, à l’UFR Lettres, Langues, Sciences Humaines (LLSH), sur le campus de Jacob-bellecombette.

Résumé de la thèse

Développé en 2015, l’Emotion Imbued Choice (EIC ; Lerner et al., 2015) explique la manière dont les émotions influencent la prise de décision. Selon ce modèle, les émotions incidentes (non reliées à la décision) associées à un haut degré de certitude déclencheraient un traitement plutôt heuristique de l’information tandis que les émotions associées à un haut degré d’incertitude déclencheraient un traitement plutôt délibératif (Tiedens & Linton, 2001), expliquant des différences de performances dans les tâches de prise de décision. L’influence des émotions incidentes a été étudiée dans la prise de décision unique et dans la prise séquentielle de décisions (i.e., séries de décisions). Si l’EIC, fournit un cadre explicatif clair concernant la prise de décision unique, ses prédictions sont moins explicites quant à la prise séquentielle de décisions. Cette dernière présente la particularité que chaque décision est suivie d’un feedback (gain ou perte) ayant une valeur émotionnelle (positive vs. négative). Cette source d’influence émotionnelle intégrée (reliée à la décision) peut modifier les décisions suivantes. Des auteurs ont observé que le déclenchement d’un traitement de l’information plutôt heuristique conduit les participants à prendre des décisions plus avantageuses que le déclenchement d’un traitement de l’information plutôt délibératif (Bagneux et al. 2013 ; voir aussi Bollon & Bagneux, 2013). Toutefois, l’implication du traitement de la valeur émotionnelle des feedbacks dans l’obtention de ce pattern de résultats n’a, à ce jour, pas reçu de confirmation directe. Notre objectif était d’identifier la manière dont les émotions incidentes, en fonction de leur degré de certitude, modulent la prise séquentielle de décisions. Au travers d’une série de sept expériences, nous avons montré comment ces émotions incidentes interagissent avec l’influence émotionnelle intégrée des feedbacks. Ainsi, seul le déclenchement d’un traitement plutôt heuristique conduit les participants à moduler leurs décisions en fonction du type (positifs vs. négatifs) de feedbacks reçus. Ces résultats concernent les tâches de prise séquentielle de décisions ambigües et risquées. La modulation du pattern de prise de décision a été mise en évidence, de manière classique, lors de l’induction d’émotions incidentes négatives et, de manière plus originale, lors de l’induction d’émotions incidentes positives. En second lieu, l’analyse des résultats et de la littérature a mis en évidence la fiabilité médiocre de la mesure du degré de certitude. Une série de six autres études, s’inscrivant dans la méthodologie générale de construction d’échelles, a été réalisée afin d’en recherche les origines. Nous avons montré que cette faible fiabilité était la double conséquence d’une définition incomplète et d’une opérationnalisation imparfaite de la dimension de certitude. À un niveau théorique, nous proposons que l’ensemble de nos résultats supportent la nécessité d’étendre le modèle EIC à la prise séquentielle de décisions. Sur le plan méthodologique, nos résultats justifient l’intérêt de développer un nouvel outil de mesure du degré de certitude.