Après 8 ans de présidence du Club des Entreprises de l’Université Savoie Mont Blanc, Claude Deffaugt passe le relais à Olivier Salaun, ingénieur et président du groupe industriel PSB Industries, élu à la tête du Club des Entreprises en juin dernier.
DEUX MANDATS PLACÉS SOUS LE SIGNE DU DÉVELOPPEMENT
Avec une dynamique de construction clairement affichée, Claude Deffaugt et son équipe ont forgé la stratégie du Club des Entrepises autour de 3 principaux axes de travail :
- la professionnalisation ;
- l’insertion professionnelle :
- les réseaux collaboratifs.
Son mandat aura été marqué par la création de nombreux événements à forte valeur ajoutée comme la Semaine Emploi & Entreprise, le Forum des Stages, le Job Dating de l’Alternance mais également par la gratuité de la cotisation étudiante, par l’obtention du prix national AEF « Insertion – Formation » remis par la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2013, par l’ouverture à l’IUT d’Annecy, par la fusion avec l’APEI (le Club des Entreprises de Polytech Annecy-Chambéry) et enfin par l’intégration de l’IUT de Chambéry, portant à 4 le nombre de composantes de l’Université Savoie Mont Blanc pour lesquelles le Club décline à présent ses actions.
PORTRAIT D’UN CONSTRUCTEUR
Claude Deffaugt a fait ses études à l’Université Savoie Mont Blanc puis en Suisse romande, où il obtient un Master en Administration des Entreprises et un Master en Sciences du Management. Il effectue ensuite son parcours professionnel au sein du groupe Migros, en tant que directeur marketing puis commercial. Il prejoint les ressources humaines de la coopérative Migros de Genève (700 millions d’euros), où il devient directeur général de la filiale française en 1993. Il accède ensuite au poste de vice-président du Cercle des Dirigeants d’Entreprises Genève, et devient membre d’associations de développement économique.
En 2008, il devient le 6ème président du Club des Entreprises de l’Université Savoie Mont Blanc. En deux mandats, Claude Deffaugt a réussi a faire monter en puissance une structure unique en France, et a permis au Club des Entreprises de prendre une toute nouvelle dimension.
INTERVIEW DE CLAUDE DEFFAUGT
Les dynamiques de construction
« En 2008, il s’agissait du Club des Entreprises de l’IMUS, qui rassemblait une cinquantaine de membres contre 90 aujourd’hui. Sa vocation s’est élargie à l’ensemble des composantes de l’université puisque le Club concerne maintenant les 7 000 étudiants de l’IAE Savoie Mont Blanc, des IUT d’Annecy, de Chambéry et de Polytech Annecy-Chambéry contre seulement 1 850 étudiants de l’IMUS en 2008. Je voudrais également insister sur le fait que nous ne sommes pas partis de rien et que dès sa création en 1991, le Club a illustré une volonté originale d’associer les milieux économiques du territoire pour créer dans leur bassin de vie une organisation pour développer la connaissance et travailler au rapprochement avec l’université. Il y a eu dès le départ un véritable esprit pionnier tout à fait particulier. »
Une impulsion venue des entreprises
« L’impulsion initiale est venue d’entreprises et de collectivités emblématiques de Haute-Savoie qui avaient besoin de ressources et voulaient trouver la meilleure façon de disposer de personnel compétent. Ce qui a été original dans leur démarche, c’est le parti pris de ne pas créer une structure de formation dédiée, comme cela a pu être le cas dans d’autres départements, mais de s’appuyer sur l’université de leur territoire. Il y a ainsi eu dès le départ une volonté de collaboration entre les entreprises, le monde universitaire et également les collectivités. Nous nous sommes inscrits dans cette continuité.
Parallèlement, 2008 n’était pas une période facile et il est vrai qu’à ce moment précis le Club avait besoin d’un nouvel élan. C’est pour cela qu’avec Virginie Reitzer qui venait d’en être nommée Déléguée générale et les membres du bureau, nous avons travaillé à la mise en œuvre d’objectifs visant au redéveloppement du Club des entreprises. »
Une construction autour de la mise en place d’un réseau collaboratif
« Ce réseau fonctionne vraiment de façon exceptionnelle avec des leaders d’opinion des trois milieux : entreprises, institutions au service du territoire et université. Nous avons aussi changé le modèle économique en vigueur en instaurant notamment la gratuité pour les étudiants. Nous avons étoffé nos liens avec les collectivités : Assemblée des Pays de Savoie, Agglomérations d’Annecy et de Chambéry, ARC, Région ainsi qu’avec les institutionnels économiques comme le MEDEF, la CGPME ou les CCI. Et surtout nous avons développé des actions transversales pour nous ouvrir progressivement à l’ensemble des composantes de l’université et pour couvrir le territoire des deux Savoie. »
Un travail de longue haleine…
« C’est un long chemin qui ne s’est pas toujours fait sans réticence. Nous avons fusionné le Club avec celui de Polytech, l’APEI (Association pour la Promotion des Écoles d’Ingénieurs). Nous avons commencé par collaborer sur nos opérations phare comme la Semaine Emploi & Entreprises ou le Job Dating de l’alternance. Forts de nos résultats il devenait logique d’aller vers une structure unique. Nous avons également mis en place une structure qui accompagne l’université dans les mutations auxquelles elle est confrontée et participé à renforcer son attractivité. Quand je vois aujourd’hui certains étudiants venir de l’autre bout de la France et choisir l’Université Savoie Mont Blanc spécifiquement parce qu’elle dispose de ce Club des Entreprises unique en France, je me dis que nous sommes utiles. »
Renforcer la professionnalisation des cursus
« L’idée du Club c’est que les étudiants ont besoin non seulement d’un bagage académique de qualité et d’un bon diplôme mais aussi d’optimiser leur employabilité, d’où l’importance de renforcer la professionnalisation des études. Cela passe par des échanges poussés entre les trois milieux que j’évoquais plus amont. Il y a des opérations très visibles comme la Semaine Emploi & entreprises (pour laquelle nous avons d’ailleurs reçu un prix national de l’AEF en 2013), le forum des stages ou le job dating de l’alternance. Nous travaillons à faire comprendre aux étudiants qu’ils font partie d’un écosystème. Nous participons à leur ouverture sur le milieu qui les entoure et nous concourons à leurs donner les moyens de l’appréhender.
Mutation du milieu universitaire : comment se positionner ?
« Le socle de notre réussite c’est de s’appuyer sur des entreprises locales, une université locale et des collectivités locales. Pour développer un tel écosystème de territoire il faut de la proximité, des acteurs qui se connaissent et qui ont une vision partagée de leur développement. Je ne crois pas que l’on puisse fonctionner hors d’une logique de bassin. C’est pourquoi le développement du Club des Entreprises hors de notre périmètre d’action ne peut être imaginé que dans le cadre d’un système fédéral de clubs d’entreprises. Nous pourrions bien sûr apporter notre savoir faire et notre connaissance des prérequis nécessaires pour créer de tels clubs à Grenoble, à Lyon ou à Clermont-Ferrand par exemple. »
Un bassin étendue jusqu’à Genève
« La dimension transfrontalière est une particularité de l’Université Savoie Mont Blanc qui légitime encore davantage l’objectif de pouvoir continuer à disposer d’une université de plein exercice au bénéfice de notre territoire. Notre université aujourd’hui obtient d’excellents résultats, a des comptes équilibrés et elle attire toujours plus d’étudiants. Elle est une interface naturelle avec la Suisse et aussi avec l’Italie. Je suis donc très attentif à cette dimension. Nous y travaillons notamment dans le cadre du forum de la société civile du Grand Genève auquel je participe et au sein duquel nous animons une commission sur les relations entreprises universités. »
Un travail relationnel qui perdure
« Je ne compte pas abandonner le Club même si j’en quitte la présidence, au moins pendant une période de transition. Je m’attacherai notamment à assurer le lien avec la gouvernance de l’Université Savoie Mont-Blanc dans le cadre de mon mandat au conseil d’administration. Un dossier important est également celui de la création d’une fondation universitaire. Il s’agit de porter un nouveau projet collaboratif impliquant les milieux économiques et les collectivités publiques dans le développement de l’université. Cet engagement me paraît essentiel pour assurer et conserver une université de plein exercice vectrice de développement et d’innovation en territoire Savoie Mont Blanc. Là encore, je pense que regarder ce qui se passe en Suisse est intéressant. L’écosystème développé par l’EPFL par exemple s’est développé ainsi et nous en connaissons les conséquences. Elle a su attirer des entreprises remarquables et engendrer l’émergence de start-up sur son territoire. »
Huit ans de présidence du Club des Entreprises : une formidable aventure humaine
« Cela a été une période très riche de ma vie avec un travail colossal et un investissement très important mais le sentiment de participer à une action qui cherche à apporter des solutions concrètes au développement de l’employabilité des jeunes et à leur participation au développement économique de nos entreprises et de nos territoires. C’est très important pour moi car l’engagement citoyen est au cœur de mon éducation et de mon histoire familiale. J’aime les dynamiques de construction. Dans une action publique, politique au sens premier du terme. Et je continuerai tant que je serai animé par ma curiosité, mon appétence et la capacité à rester utile à mon bassin de vie. »
Crédits photos : Yannick Perrin / Club des Entreprises