Le 20 décembre 2018, Denis Varaschin, président l’Université Savoie Mont Blanc, a été élu président de l’Alliance des universités de formation et de recherche (AUREF). Il succède à Christine Gangloff-Ziegler, présidente de l’Université de Haute-Alsace, avec laquelle il avait lancé l’idée de cette association dès 2013.
Entretien avec Denis Varaschin.
Qu’est-ce que l’AUREF ?
Denis Varaschin : L’AUREF réunit aujourd’hui en réseau 35 établissements, dont presque la moitié des universités françaises, qui accueillent un peu moins de 600 000 étudiantes et étudiants. Par leur taille, ses membres se répartissent en trois tiers équilibrés : moins de 10 000, de 10 000 à 20 000 et plus de 20 000 étudiantes et étudiants. La taille n’est donc pas un critère d’appartenance. Deux bénéficient du label d’excellence I-Site (Besançon et Pau) et trois apparaissent dans le classement des établissements de Shanghai (Poitiers, Orléans, Chambéry). D’autres sont des références dans leur domaine, notamment en SHS (Bordeaux Montaigne, Lyon 2, Rennes 2, Toulouse Jean-Jaurès), pour la formation continue (CNAM), ou dans des secteurs spécialisés qui leur ont valu d’obtenir des écoles universitaires de recherche (Le Mans et l’acoustique, Bretagne-Sud et la mer). La place des universités en position européenne transfrontalière et des universités ultramarines, qui diffusent les idées de la France dans le monde, est également remarquable. Toutes et tous participent donc à la puissance, au rayonnement et à la continuité territoriale de l’enseignement supérieur et de la recherche de notre pays.
L’AUREF possède une unité d’ensemble par le seul fait qu’elle existe et se développe, mais aussi et surtout car elle porte une vision politique du paysage de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Troisième séminaire de l’AUREF à Annecy en juillet 2018. De gauche à droite : Denis Varaschin, président de l’USMB, Christine Gangloff-Ziegler, présidente de l’UHA et Jean-Luc Rigaut, Président du Grand Annecy et de l’Assemblée des communautés de France
Comment s’est-elle formée ?
Denis Varaschin : L’initiative est née en juillet 2013, lors d’une rencontre à Chambéry entre les équipes présidentielles de l’USMB et de l’université de Haute-Alsace (UHA). Il s’agissait de comprendre la structuration alsacienne qui avait donné naissance à la notion de « rattachement » devenue « association » dans la loi Fioraso. Ces journées ont initié un rapprochement entre ces deux universités qui, dans un communiqué final, indiquaient vouloir ouvrir le dialogue avec d’autres établissements. Dès le mois d’août 2013, 11 universités se réunissaient à Paris en vue de créer un réseau des universités pluridisciplinaires hors secteur santé, avec l’ambition de devenir une force de proposition au sein de la conférence nationale des présidents d’université (CPU). En mai 2015, la publication de la tribune « Universités, Villes et Territoires : quel avenir pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche français ? », signée par 21 présidents, marquait un tournant. Le nombre avait doublé, des établissements de taille respectable avaient rejoint le groupe et certains possédaient un secteur santé. Après le renouvellement des présidents en 2016, cet ensemble a continué de se renforcer numériquement, et il s’est constitué en association le 21 septembre 2017. À l’occasion du renouvellement des instances de la CPU en décembre 2018, pour marquer son attachement à cette institution, il a souhaité pleinement l’intégrer : Christine Gangloff-Ziegler en est devenue vice-présidente ; trois présidences de commissions sont revenues à des membres de l’AUREF (Formation et insertion professionnelle, Relations internationales, Vie étudiante) et trois places supplémentaires de membres furent obtenues à la CP2U.
Quelles sont les idées qu’elle met en avant ?
Denis Varaschin : Son nom indique qu’elle se reconnaît dans un modèle où, sur tout le territoire, une recherche de qualité fonde une formation de qualité, de la licence au doctorat. Elle porte donc une demande de meilleure reconnaissance des universités implantées dans les villes moyennes, après la mise en place d’une politique en faveur de quelques métropoles. L’AUREF estime aussi que fusionner systématiquement toutes les universités qui se situent dans les métropoles, alors même que pareille évolution n’est pas demandée aux organismes et aux écoles, ressort peu productif, la taille seule ne pouvant être un critère de qualité.
Enfin, l’AUREF s’interroge sur une politique qui serait fondée sur la taille et la montée dans des classements dont les critères sont discutables.
L’AUREF porte donc une demande de prise en compte de l’efficience – financière, économique, mais aussi sociale et politique – des établissements. A quoi sert la logique de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances), qui devait introduire la performance dans les services publics si la réforme n’est jamais mesurée équitablement et évaluée sérieusement ? Cela laisse la parole à ceux qui proclament la nécessité d’une perpétuelle fuite en avant d’une politique qui leur est particulièrement favorable. Mais est-elle favorable à la Nation ?
L’AUREF publie des communiqués qui sont des réactions à des faits d’actualité, des tribunes plus analytiques, et organise des colloques thématiques. Ainsi, elle s’est réunie à Corte en 2017, Lorient et Annecy en 2018 avant de se retrouver en avril 2019 à Bordeaux pour traiter de la question du positionnement des sciences humaines et sociales, tant en recherche qu’en formation ou en termes institutionnels. Pragmatique, elle entend ainsi assumer un rôle de force de propositions équilibrées, respectueuse des prérogatives de l’État et de la CPU, et attentive à la nécessaire préservation de la capacité d’entreprendre de toute université.
En tant que Président de l’USMB, je prends l’engagement que, sous mon mandat, dans le respect des textes qui s’imposent aux universités, les droits d’inscription des étudiants hors Union européenne seront semblables à ceux demandés aux autres étudiants. Je porte à la connaissance de la communauté le dernier communiqué de l’AUREF, qui appelle à une concertation ouvrant la voie à une amélioration de l’accueil des étudiants dans le cadre d’un financement d’une autre nature.
[Communiqué de l’AUREF sur les droits d’inscriptions différenciés (« Bienvenue en France »)]
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Contact : Denis Varaschin