Plastilac : traquer les micro-plastiques dans les lacs alpins

Publié le lun 27 Avr 2020

Faciliter la réduction de la pollution par les micro-plastiques dans les écosystèmes lacustres : c’est l’objectif ambitieux du projet Plastilac, porté par David Gateuille, maître de conférences en chimie au Laboratoire de Chimie Moléculaire et Environnement (LCME), Emmanuel Naffrechoux, professeur des universités, chimiste environnementaliste au LCME et Yves Perrette, directeur de recherches au laboratoire Environnement Dynamique et Territoire de Montagne (EDYTEM).

Si la présence de micro-débris de moins de cinq millimètres de plastique en milieu marin n’est plus à démontrer, il n’en est pas de même pour les lacs pour lesquels il existe peu de données. D’où la volonté de ces chercheurs d’apporter leur pierre à l’édifice.

« Nous sommes d’ores et déjà coordinateurs scientifiques d’un premier projet Plastilac mené depuis 2019 par Frédéric Gillet et l’ONG Aqualti dans les lacs d’altitude de la Muzelle (Parc des Ecrins), de Pormenaz et d’Anterne (réserve naturelle de Sixt-Passy). » explique David Gateuille.

Les grands lacs d’Annecy et du Bourget à la loupe

Cette mission, toujours en cours, a agi comme un déclencheur pour les trois universitaires qui ont souhaité s’intéresser aussi aux grands lacs d’Annecy et du Bourget, le Léman étant déjà étudié par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne.

« Chacun est exposé différemment aux sources de plastiques. Le Bourget subit des apports conséquents d’eaux urbaines liés aux périodes de fortes pluies. Il constitue un site d’étude unique car un bassin de stockage et restitution des eaux (visant à limiter l’émission de pollution par les eaux de pluie) sera mis en service durant l’étude. Cela permettra d’étudier la capacité de ce type d’ouvrages à limiter les pollutions plastiques. »

Quant à celui d’Annecy,  il bénéficie d’une ceinture de collecteurs d’assainissement depuis la fin des années 1960 qui a permis l’obtention d’un statut oligotrophe (pauvre en éléments nutritifs) depuis plusieurs années. Il est également bordé par la route or l’une des principales sources de pollution via les micro-plastiques c’est… la poussière de pneu qui rejoint le lac via les eaux de ruissellement. Les prélèvements devraient débuter cet été et se poursuivre tous les deux mois pendant deux ans.

« Dans le cadre de la thèse portée par Julia Dusaucy, nous allons identifier les sources, le degré de contamination des écosystème lacustres, le devenir des micro-plastiques dans le milieu aquatique, déterminer les effets toxiques sur les organismes aquatiques… voir aussi si la saisonnalité a une incidence sur cette pollution. En fonction des résultats, nous formulerons des préconisations pour préserver la valeur environnementale, touristique, économique et sanitaire de ces lacs. » ajoute David Gateuille.

Les chercheurs se pencheront également sur le lac Merlet supérieur, en Vanoise, éloigné des sources de pollution et faiblement impacté par l’activité touristique de montagne. Son étude permettra de mesurer l’impact des retombées atmosphérique sur la contamination lacustre et viendra compléter celle menée sur les lacs d’altitude.


Crédits photos : Dorothée Adam / Frédéric Gillet

Un soutien décisif de la Fondation USMB et de l’Agence de l’eau

Plastilac est soutenu par la Fondation USMB et ses membres fondateurs à hauteur de 60 000 €. « Ce soutien était essentiel pour nous car il nous a permis de crédibiliser notre projet et de pouvoir prétendre à d’autres financements » explique David Gateuille. L’Agence de l’eau s’est ainsi ensuite engagée à hauteur de 170 000 €. Le montant global permet d’assurer la rémunération du thésard qui travaille sur le sujet, les frais de fonctionnement de la thèse mais aussi un microscope infrarouge qui va nous permettre de réaliser toutes les analyses au sein du LCME.

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