L’évolution future des surfaces glaciaires et ses conséquences écologiques analysées dans Nature par des chercheurs de l’USMB

Publié le mer 11 Oct 2023 illustration articles nature

Dans un article publié en août dernier dans la prestigieuse revue scientifique Nature, une équipe composée de chercheurs franco-suisses modélisent et explorent l’évolution des glaciers sur Terre d’ici à 2100. Trois d’entre eux sont issus des laboratoires EDYTEM et CARRTEL de l’USMB. 

Un voyage inédit dans le futur des zones couvertes par les glaciers 

L’intensification du dérèglement climatique anthropique bouleverse notre planète, générant en particulier une rapide et inquiétante fonte des glaciers. Dans un voyage dans le futur inédit pour l’Humanité, une équipe de glaciologues et d’écologues modélisent et explorent dans la revue Nature l’évolution des glaciers sur Terre d’ici à 2100.  

Au sein de cette équipe, trois chercheurs sont issus de laboratoires de l’USMB.  Jean-Christophe Clément, professeur des universités et chercheur en biogéochimie-écologie au CARRTELFlorent Arthaud, maître de conférences en écologique aquatique, également au CARRTEL, et Jérôme Poulenard, professeur des universités et chercheur en sciences des sols et écosystèmes de montagne au laboratoire EDYTEM. 

Publié en août 2023, cet article est le fruit d’un « vrai travail collaboratif initié en 2020-21 par Jean-Baptiste Bosson (Conservatoire d’Espaces Naturels du 74) dans le cadre du projet Ice&Life soutenu entre autres par la Fédération de recherche FREE-Alpes du CNRS et la Fondation USMB» indique Jean-Christophe Clément. A l’interface entre la glaciologie et l’écologie, cet article porte « un objectif de connaissance, mais aussi de gestion et de conservation » complète Florent Arthaud. 

Le rôle des écosystèmes post-glaciaires dans l’adaptation climatique  

En s’appuyant sur des modélisations détaillées, l’équipe franco-suisse a ainsi analysé l’évolution de plus de 210 000 glaciers de notre planète d’ici à 2100 (leur surface totale devrait avoir diminuée d’un quart à la moitié selon l’intensité du scénario climatique envisagé) ainsi que le relief et les températures des zones qui émergeront du retrait glaciaire durant cette période. Les chercheurs projettent ainsi la formation d’écosystèmes terrestres, marins et d’eau douce dans les zones qui seront libérées des glaces. 

Faisant partie des rares espaces naturels intacts sur notre planète, les glaciers et les écosystèmes post-glaciaires jouent ainsi un rôle majeur dans l’adaptation face au changement climatique, afin de garantir l’accès à l’eau douce dans de nombreuses régions, de limiter l’élévation du niveau marin et d’enrayer le déclin de la biodiversité. Dans ce contexte, la protection des glaciers et des écosystèmes post-glaciaires permettront de contribuer simultanément et décisivement à ces défis sans précédents. 

1

Publier dans la revue Nature : un accomplissement professionnel et la possibilité d’alerter au niveau mondial 

Dans le monde de la recherche scientifique, peu de publications suscitent autant d’admiration et d’attention que celles qui trouvent leur place dans la prestigieuse revue Nature. Si cela représente bien « un événement dans la carrière d’un chercheur » explique M. Clément, c’est surtout un moyen d’ « asseoir la légitimité et l’expertise d’une jeune équipe de recherche pour continuer à étudier les écosystèmes émergeants du retrait glaciaire avec le soutien de nos partenaires institutionnels ». Une légitimité qui permet également de « travailler sur des projets à l’interface entre différentes thématiques dont chacun n’est expert que pour une partie » complète M. Arthaud. Le chercheur d’EDYTEM, M. Poulenard, rejoint ses collègues sur le sujet, et ajoute que « ce travail en collaboration franco-suisse, avec différents collègues de l’USMB, sur l’avenir des glaciers a été un grand plaisir intellectuel ». Il conclut en soulignant « la nécessité d’alerter sur la nécessaire protection de ces nouveaux écosystèmes » ce que permet de faire largement une publication dans une revue internationale généraliste de cette envergure. 

À propos des chercheurs de l’USMB : 

  • Jean-Christophe Clément : Professeur à l’USMB et chercheur en biogéochimie-écologie au CARRTEL depuis 2016, il étudie la réponse des écosystèmes (zones humides, marges glaciaires, écosystèmes d’altitude, …) aux changements globaux pour en prédire et gérer les conséquences sur leur fonctionnement et les services qu’ils rendent. Il a participé à l’élaboration des contours de cet article, puis à son écriture. 
  • Florent Arthaud : Maitre de Conférence à l’USMB en écologie aquatique au CARRTEL depuis 2012, et depuis septembre en mise à disposition à l’Office Français de la Biodiversité dans le Pôle R&D ECLA (Ecosystèmes Lacustres) qui dépend également de l’USMB. Il est également président du GIS Lacs Sentinelles qui coordonne le réseau de suivi des lacs d’altitude dans les Alpes. Ses deux apports majeurs dans le projet ont été son expertise sur la création de nouveaux lacs suite au retrait des glaciers, et la dynamique et la biodiversité de ces nouveaux écosystèmes aquatiques, ainsi que l’analyse et la mise en forme de l’ensemble des données de modélisation, comprenant la réalisation des 2 300 graphiques pour l’ensemble des 20 régions glaciaires du monde. 
  • Jérôme Poulenard : Professeur à l’USMB en sciences des sols et écologie depuis 2012, il mène des recherches sur les sols et les écosystèmes de montagne (Alpes, Andes) depuis 25 ans, et fait partie du laboratoire EDYTEM. Il a participé à l’élaboration du projet de recherche dont traite l’article, et a été en charge plus particulièrement des questions relatives aux vitesses de développement des écosystèmes terrestres et des sols. 

2

En savoir plus : 

partenaires financiers ice&life