Face à la crise climatique, le projet « ERABLE – Agir pour les glaciers » mobilise chercheurs, artistes et élus pour protéger ces écosystèmes essentiels. Porté par l’université Savoie Mont Blanc (USMB), il ambitionne de célébrer les écosystèmes, de renouveler les imaginaires, et de faire émerger coopérations et actions concrètes.
Un projet ancré dans le territoire
Né dans la continuité du projet Ice and Life, le projet Agir pour les glaciers du programme ERABLE est lancé par le groupement d’intérêt public EPAU en lien avec le ministère de la culture et le ministère de l’Ecologie. Il s’inscrit dans la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030, et vise à renforcer l’ancrage territorial des actions climatiques. « Nous avions déjà une approche globale, mais il nous manquait un ancrage territorial pour montrer que l’on peut faire des choses à cette échelle » explique Florent Arthaud, écologue au Centre Alpin de Recherche sur les Réseaux Trophiques et Ecosystèmes Limniques (CARRTEL) de l’USMB.
Ce projet associe ainsi la commune de Bourg-Saint-Maurice pour imaginer collectivement, à travers une approche transversale, de nouvelles modalités d’action et d’implication visant à protéger les glaciers. Le choix de ce territoire alpin, directement touché par le recul des zones glaciaires, illustre la volonté des porteurs du projet de conjuguer recherche et implication citoyenne.
L’USMB, moteur de cette collaboration scientifique
Porteuse du projet, l’USMB joue ici un rôle clé, avec plusieurs membres du laboratoire CARRTEL impliqués : Florent Arthaud, écologue, Jean-Christophe Clément, biogéochimiste-écologue, et Adrien Guerou, ingénieur de recherche en écologie spatiale.
Cette initiative illustre l’engagement de l’USMB pour répondre aux grands défis environnementaux, en collaboration avec des experts de renommée internationale, tels que Sandra Lavorel (écologue au LECA), Philippe Billet (spécialiste en droit public), Virginie Maris (philosophe de l’environnement), ainsi que le glaciologue Jean-Baptiste Bosson, qui dirige l’association Marge Sauvage.
Trois volets complémentaires pour une approche transversale
“L’objectif du projet est d’apporter de la connaissance sur le retrait des glaciers et des écosystèmes qui se créent en conséquence, à travers trois volets : scientifique, artistique et politique” explique Florent Arthaud. Le volet scientifique s’intéresse ainsi aux écosystèmes précédemment cités, en analysant leur fonctionnement écologique, les services écosystémiques qu’ils rendent (c’est-à-dire les bénéfices que les humains en tirent), ainsi que leur statut juridique. Une dimension philosophique est également explorée, questionnant le rapport à ces espaces en transformation.
Le second volet est artistique. Des collaborations avec des artistes, comme Lauriane Miara (illustratrice) et Justin Fayard (réalisateur), sont mises en place afin de renouveler les imaginaires liés aux glaciers, et de véhiculer une image plus positive de ceux-ci. Souvent vus comme des symboles du réchauffement climatique, les glaciers seront ici réinterprétés afin de mettre également en valeur leur richesse écologique et leur potentiel de transformation.
Le dernier volet concerne les actions politiques. Il s’agit de réfléchir à “Comment mettre en place des outils ou des actions localement, via les politiques territoriales, pour protéger les glaciers et écosystème qui se créent”. Une première action est déjà entreprise : celle de « donner les clés du glacier » aux enfants de Bourg Saint Maurice impliqués au sein du Conseil Municipal des Enfants, en les faisant participer à la création d’une aire protégée autour de l’Aiguille des Glaciers.
Un festival pour rassembler
L’un des points d’orgue du projet est l’organisation du festival éponyme Agir pour les Glaciers à Bourg Saint Maurice, en partenariat avec la maison d’édition Actes Sud, qui aura lieu du 20 au 22 mars. Inspiré du festival “Agir pour le vivant” d’Arles, cet événement réunira chercheurs, artistes, professionnels et grand public autour de tables rondes, ateliers et spectacles. Chaque journée sera dédiée à un public cible : la première aux scientifiques, avec des conférences et échanges sur les recherches en cours ; la deuxième aux acteurs socio-professionnels, comme les guides et stations de ski, pour partager les connaissances et recueillir leurs attentes ; et la troisième au grand public, avec des ateliers et spectacles, ainsi qu’un temps fort d’engagements locaux autour des glaciers.
Agir à l’échelle locale et au-delà
En associant recherche, art et politique, Agir pour les glaciers ambitionne d’inscrire la préservation des glaciers dans une dynamique territoriale tout en inspirant des actions à l’échelle globale. Ce n’est donc pas un hasard si ce projet est lancé à la veille de l’année 2025, déclarée Année internationale de la préservation des glaciers par les Nations Unies.
En savoir plus
- Contact : Florent Arthaud, écologue au CARRTEL
- Consulter le site du projet Agir pour les glaciers
- Consulter le site du festival Agir pour les glaciers