Entretien avec Denis Varaschin, Président de l’Université Savoie Mont Blanc

Publié le jeu 19 Mai 2016

Denis Varaschin a été ré-élu à la présidence de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) le 26 avril dernier. Lourde responsabilité qui lui incombe mais qu’il connait bien puisque cela fait maintenant plus de 8 ans qu’il participe à la gouvernance de l’établissement, en tant que vice-président du conseil d’administration dès 2008, puis président depuis 2012.
Après avoir obtenu la confiance des acteurs et des partenaires de l’USMB lors des élections de ce printemps, il est interviewé sur ses projets et sur l’équipe qui l’accompagnera jusqu’en 2020, équipe qui devra, à ses côtés, relever les défis qui s’annoncent.

Si vous deviez dresser le bilan de votre 1er mandat en quelques mots, que nous diriez-vous ?
Denis Varaschin : Présider une université est enthousiasmant car il s’agit de participer à l’écriture de son histoire, celle qui la porte vers l’avenir. Présider l’Université Savoie Mont Blanc est d’autant plus passionnant qu’elle est le produit complexe d’une histoire tumultueuse qui symbolise sa vitalité plurielle, son dynamisme en constant renouvellement, sa rage de réussir en dépit des difficultés. Ainsi, université parmi les plus mal dotées de France par l’État, elle figure parmi celles qui obtiennent d’excellents résultats. Ce mandat aura été l’occasion de faire de belles rencontres avec les personnels de Bibliothèque, Ingénieur, Administratif, Technique, de Service et de Santé (BIATSS), les enseignants, enseignants-chercheurs et chercheurs ainsi que les étudiants. De belles rencontres aussi avec nos partenaires extérieurs : la tutelle, les collègues présidents des autres établissements de l’académie et plus largement de l’Hexagone et de l’étranger, les élus et décideurs économiques de nos territoires, attachés à un écosystème qui nous assemble et nous rassemble, qui nous unit et qui réussit. Il m’aura aussi donné la chance de travailler avec le soutien d’une équipe compétente, solide, unie autour d’une même conception de l’université et d’une vision partagée de son avenir.

Quels sont les résultats de ce 1er mandat dont vous êtes le plus satisfait ?
Denis Varaschin : Les élections de 2012 avaient pour enjeu de maintenir une université de plein exercice en Pays de Savoie. Le défi semblait impossible à relever aux dires de certains. En 2016, l’USMB possède toujours son pouvoir de décision et elle a développé des liens de partenariat avec les établissements de la Communauté d’Université et d’Etablissements (COMUE) Grenoble-Alpes ainsi qu’avec les établissements de la Suisse voisine, tout particulièrement ceux de la Haute École spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO). Ensuite, ce mandat a redonné vie aux projets dans une université qui était à l’arrêt, dans l’attente de confier son destin à d’autres. Il a fait émerger une identité de rassemblement, porteuse d’une marque internationalement reconnue et fondée sur des valeurs fortes. Ces évolutions ont participé à des résultats qui placent l’USMB en tête des universités de son groupe ainsi qu’à la reconnaissance de ces résultats avec de multiples invitations à présenter nos méthodes de travail. Enfin, l’université est sortie de sa tour d’ivoire en renouant de fructueuses relations avec les milieux économiques et les élus du territoire, couronnées par la création d’une fondation universitaire.
En un mot, ce mandat aura permis à l’USMB et ses personnels, dont le sort matériel s’est amélioré en une période de réduction des moyens, de renouer avec son temps. Ma réélection, une première depuis que la loi le permet, semble prouver que cette action modernisatrice a été entendue et partagée par le plus grand nombre dans l’établissement, et alentours.

Quels sont les grands enjeux pour l’USMB à l’horizon 2020 et au-delà ?
Denis Varaschin : Le premier enjeu reste stratégique : ni fusion, ni isolement mais renforcement des relations avec les établissements de l’académie, d’Auvergne-Rhône-Alpes et de la Suisse voisine, afin de participer pleinement à l’émergence d’un espace de l’enseignement supérieur et de la recherche régional et transfrontalier d’une rare richesse. À titre d’exemple, nous venons de répondre favorablement à la proposition de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’ENS de Lyon d’intégrer un réseau de coopération transfrontalière sur le patrimoine et les ressources territoriales du haut bassin versant du Rhône. Ensuite, face au choc démographique qui s’annonce, accueillir des étudiants en plus grand nombre et les faire réussir sera le principal défi à relever et restera le cœur de notre mission. L’intérêt général conduira également à orienter notre recherche, performante, sur de grands enjeux sociétaux. Le numérique irrigue désormais l’ensemble des activités : l’intensification de la recherche en ce domaine, peut-être aussi sa restructuration, sont des enjeux essentiels. Enfin, le combat prométhéen pour obtenir de la COMUE et de notre tutelle une juste reconnaissance de nos efforts, de notre efficience, de la dynamique de notre territoire, sera mené. Il y a là non seulement une iniquité vécue au quotidien par nos personnels, mais aussi une incapacité à prendre en compte les dynamiques territoriales non métropolitaines qui constitue un frein dangereux pour notre pays dans son ensemble.

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Pour y répondre vous avez constitué une équipe pour vous accompagner. Comment l’avez-vous constituée ?
Denis Varaschin : Elle a été facilement constituée, le projet présenté suscitant l’adhésion. Il s’est agi de composer un ensemble qui mêlait continuité (les vice-présidents institutionnels) et renouvellement. Ce dernier a joué de la nécessaire compétence, sans laquelle rien n’est possible, de la recherche d’un équilibre entre nos sites universitaires, de l’âge, car il faut préparer l’avenir, et de la féminisation qui nous enrichit. Je tiens tout particulièrement à saluer nos collègues femmes, car pareil lourd investissement reste plus difficile à réaliser pour elles.

Présentez-nous votre équipe…
Denis Varaschin : Honneur aux Dames, et à la benjamine, Ekaterina Le Pennec. D’origine russe, elle a obtenu un PHD auprès des universités de Californie et de Moscou puis a soutenu sa thèse de doctorat à l’université de Nice Sophia Antipolis. ATER à Aix-Marseille Université, elle a rejoint l’USMB en 2014. Maître de conférences en gestion, elle enseigne à l’IAE Savoie Mont Blanc et est rattachée à l’Institut de Recherche en Gestion et en Économie (IREGE). Vice-présidente en charge de l’Orientation, de l’Insertion professionnelle et de l’Entrepreneuriat, elle travaillera plus particulièrement à la définition et au suivi de la politique de l’USMB en matière d’information et d’orientation des lycéens ; à l’accueil, l’information générale et l’accompagnement des étudiants pendant la durée de leur scolarité sur tous les aspects hors pédagogie ; à l’insertion professionnelle et à la promotion de l’entrepreneuriat.

Laurence Vignollet, maître de conférences hors classe en informatique, enseigne à l’UFR Sciences et Montagne (SceM) et réalise ses recherches au Laboratoire des Systèmes et Matériaux pour la Mécatronique (SYMME). Elle dirige un important programme TEMPUS, P@lmes, avec l’ensemble des universités publiques marocaines. En janvier 2017, elle rejoindra l’équipe pour animer avec le dynamisme qui est le sien les relations internationales. L’USMB privilégie trois axes stratégiques, tant en formation qu’en recherche : le transfrontalier avec la Suisse et l’Italie, où elle bénéficiera du soutien de Massimo Lucarelli et du réseau TEIN ; la francophonie développée à partir de notre chaire Senghor obtenue par Frédéric Turpin et qui accueillera en septembre 2016 la réunion annuelle de ses homologues du monde entier sur les bords du lac d’Annecy ; les grands, en particulier la Chine (avec Annie Rouard), la Russie (avec Thierry Villemin) et le Canada (avec Lionel Valet).

Fabienne Gillonnier, professeure agrégée d’éducation physique et sportive, enseigne au département Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) de l’UFR Sciences et Montagne. Championne de la course d’orientation, une activité recommandable à tout universitaire, elle prépare une thèse de doctorat intitulée « Professionnalisation des femmes dans les sports de glisse de montagne ». Elle aura la responsabilité de faire émerger une politique culturelle imaginative, créative et de qualité qui participera au rayonnement de notre université et à l’accomplissement de ses personnels et étudiants. Le renouveau de la politique de remise de doctorats honoris causa, la commémoration des 40 ans de l’USMB et la création d’un événement annuel pour les personnels seront assurément des actions à mener. Par ailleurs, elle continuera d’assurer la direction de la mission Égalité Femmes-Hommes qu’elle anime depuis 2012 avec bonheur.

Viennent ensuite les « homines novi ». Nicolas Forestier, maître de conférences en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) à l’UFR Sciences et Montagnes et chercheur au Laboratoire Inter-universitaire de Biologie de la Motricité (LIBM), aura la responsabilité de la conduite de la politique de l’USMB en matière de valorisation de la formation et de la recherche, avec le souci de couvrir l’ensemble des champs disciplinaires, tant en France qu’à l’étranger. À ce titre, il sera membre du collège des représentants de l’établissement au sein du conseil de gestion de la Fondation universitaire USMB. Plus largement, il animera les relations avec le Club des Entreprises, nos très nombreux organismes partenaires ainsi qu’avec la Société d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) Linksium. Parmi les projets qu’il aura la tâche d’animer figurera l’émergence d’une structure consacrée au Développement, en relation avec la Direction de la recherche.

La venue de Sébastien Schehr, professeur de sociologie successivement en poste à Strasbourg, Toulouse, Nancy, et depuis quelques années à Chambéry (UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines et Laboratoire Langages, Littératures, Sociétés, Études Transfrontalières et Internationales  – LLSETI – ), porte la volonté de mieux insérer la recherche de notre établissement dans les réseaux régionaux qu’il connaît bien (DSI, ARCs, ARDI), nationaux (ANR, prochain IDEX) et internationaux (FEDER, H2020, Interreg, Alcotra). Au-delà de la seule quête d’information et d’une montée en notoriété de l’USMB qui passe par la présence de plus de collègues de notre université dans certaines instances, il participera à l’émergence, au suivi, tant pour le portage administratif que politique, des projets. Enfin, il continuera d’animer la charge de Référent Défense, qui participe aussi de la mise en relation de l’USMB avec son environnement.

Christophe Ménézo a d’abord été maître de conférences à l’université Lyon 1 avant de devenir en 2008 professeur à l’USMB au sein de l’école d’ingénieurs Polytech Annecy-Chambéry et chercheur au Laboratoire d’Optimisation de la Conception et Ingénierie de l’Environnement (LOCIE). Spécialiste des questions qui lient bâtiment et énergie, il a été titulaire de la Chaire de Recherche et de Formation « Habitats et Innovations énergétiques », INSA Lyon/Électricité de France. Il est directeur adjoint de la fédération de recherche CNRS sur l’énergie solaire, représentant français au sein de COST-Action « Adaptives Façades » et membre élu du conseil d’administration de Tenerrdis. Il aura la responsabilité de la conduite de la politique de l’USMB en matière patrimoniale, avec notamment le suivi de la mise en œuvre du schéma directeur patrimonial et du schéma pluriannuel de stratégie immobilière ainsi que du Contrat de plan État-Région (CPER), du  Programme Immobilier Prioritaire (PIP) et de la convention avec la Caisse des Dépôts et Consignations pour les sites de Jacob-Bellecombette et de la rue Marcoz.

Par ailleurs, des vice-présidents conservent les fonctions qu’ils occupaient précédemment. Il s’agit de Philippe Galez, professeur de physique (Milieux denses et matériaux), qui enseigne à l’IUT d’Annecy et réalise sa recherche au laboratoire SYMME. Travailleur infatigable, affable et à l’écoute de l’autre, il a été remarqué au sein et en dehors de notre université pour le sérieux avec lesquels il a porté de lourds dossiers depuis 2012. Plébiscité, il restera vice-président Formation et Vie universitaire.

À ses côtés, il retrouvera Lionel Valet, jeune maître de conférences en informatique à Polytech Annecy-Chambéry et chercheur au Laboratoire d’Informatique, Systèmes, Traitement de l’Information et de la Connaissance (LISTIC). Animateur de l’IDEFI Reflexpro dans le cadre de la COMUE, en charge au sein de l’établissement de la transformation pédagogique et de la direction du département APPRENDRE, qu’il a créé, proche des acteurs de la « French Tech in the Alps », il continuera d’assumer la vice-présidence Enseignement numérique.

Roman Kossakowski est également professeur de physique, mais de celle des constituants élémentaires qu’il étudie au sein du Laboratoire d’Annecy-le-Vieux de Physique des Particules (LAPP). De sa Pologne natale, il a conservé le sens de l’humour. Passé par Grenoble avant d’être nommé à l’IUT d’Annecy, il connaît bien le monde de la recherche de l’académie, celui des universités et des organismes. Il continuera donc de conduire la politique de l’établissement en matière de recherche pour un troisième mandat.

D’autres vice-présidents restent en place, mais avec un champ d’activités redéfini. Il s’agit d’abord de Thierry Villemin, professeur de géologie à l’UFR Sciences et Montagne et chercheur au laboratoire Environnement, Dynamiques et Territoires de Montagnes (EDYTEM). Toujours vice-président du conseil d’administration, il endosse le rôle de premier vice-président désormais centré sur la politique de site, les ressources humaines et le dialogue social. Dans un premier temps, il animera aussi la politique des systèmes information et les relations internationales.

C’est également le cas de Thierry Rolando, maître de conférences hors classe en sciences de gestion, ancien directeur de l’IAE Savoie Mont Blanc et membre du laboratoire IREGE, précédemment vice-président Communication et Développement. Il revêt le costume de deuxième vice-président du conseil d’administration, plus particulièrement en charge du budget, de l’aide au pilotage qu’il connaît bien pour avoir œuvré à la mise en place de la cartographie des moyens, et de la démarche qualité.

Aujourd’hui, nous accueillons dans l’équipe Simon Lecuyer-Chardevel, étudiant en licence Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) à l’UFR Sciences et Montagne, en qualité de vice-président Étudiant. Motivé et conscient des enjeux, pleinement intégré à l’équipe présidentielle et ses instances, son investissement au service de la communauté étudiante de notre établissement est certain. À ses côtés, il bénéficiera du soutien de deux étudiant-e-s assesseur-e-s, venu-e-s des sites de Jacob-Bellecombette et d’Annecy-le-Vieux.

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Qualifiez votre équipe en 3 adjectifs !
Denis Varaschin : Je lui accorderai bien volontiers un triple A : Accessible, Altruiste et Ambitieuse pour son établissement.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouveau mandat et les défis que vous aurez à relever avec votre équipe ?
Denis Varaschin : Avec la volonté de reconsidérer le rôle de président : entouré d’une équipe aguerrie, avec un premier vice-président chargé de l’animer au quotidien, il s’agira de davantage me projeter à l’extérieur pour accroître la renommée, les soutiens et les moyens de l’USMB. Mais aussi et surtout avec beaucoup d’impatience, car quatre années passent vite. Les projets lancés depuis 2012 prennent seulement forme aujourd’hui, comme la Fondation, et il s’agit désormais de les faire réussir pleinement. Les 40 ans de l’université, en 2019, seront, je l’espère, l’occasion de partager avec nos personnels et partenaires de nouveaux succès et de nouvelles perspectives.