« Femmes de Science de l’USMB » – Dominique Lagorgette, chercheuse au LLSETI

Publié le dim 3 Sep 2017

Dominique Lagorgette, professeure à l’UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines, chercheuse au laboratoire Langages, Littératures, Sociétés, Études Transfrontalières et Internationales (LLSETI) et spécialiste en linguistique historique du français et en analyse du discours

Après un baccalauréat littéraire au Lycée Jacques Brel de La Courneuve, c’est tout d’abord en hypokhâgne puis en khâgnes classiques option Lettres Modernes au Lycée Condorcet (Paris) que commencent les études supérieures de Dominique, qui rejoint ensuite pour sa maîtrise de Lettres Modernes consacrée à Gide, Proust et la NRF l’Université Paris 10 Nanterre. Suivent une maîtrise d’Information et Documentation Culturelles (avec un semestre de master en Cultural Studies et Contemporary Art History à Middlesex Polytechnic, grâce aux programmes d’échanges Erasmus), ainsi qu’un DEA de Sciences du langage dans la même université, où elle soutiendra aussi en 1998 sa thèse de doctorat en linguistique médiévale puis son Habilitation à Diriger les Recherches (HDR) en Sciences du langage en 2014.

Enseigner à l’université n’était pas sa vocation initiale : d’abord attachée aux relations presse et aux relations publiques (galerie associative d’art contemporain Art’o à Aubervilliers ; Conseil Général de Seine Saint Denis ; Institut Français du Royaume-Uni de Londres), une année en tant que chargée de cours en linguistique générale à Paris 10 et formatrice à l’association Jean Coxtet l’amène à l’enseignement. Après avoir été lectrice de Français Langue Étrangère à Royal Holloway University of London, elle devient ensuite Language Advisor à l’Université de Manchester, enseignante à l’Alliance Française de Manchester et assistante temporaire de recherche / vacataire à l’Université de Liverpool. La découverte du plaisir d’enseigner et de faire de la recherche sur le moyen âge finiront par avoir raison de son goût pour la promotion de la culture contemporaine : ce sont donc les Anciens qui ont gagné sur les Modernes ! Certainement parce qu’au fond ces coupures traditionnelles ne lui semblent pas pertinentes, comme peuvent en témoigner ses étudiantes et étudiants de Lettres lorsque les Monty Python, Tarantino, Rodriguez ou Burton s’invitent en littérature médiévale afin d’illustrer le continuum culturel, ou lorsque John Waters et Steven Cohen éclairent un de ses cours sur le travestissement et l’identité.

En 1999, elle intègre l’Université Savoie Mont Blanc avec un sujet de recherche encore polémique et tabou : c’est que le blasphème et l’insulte n’ont pas bonne presse dans le milieu académique : « votre sujet sur les termes d’adresse médiévaux, oui, c’est bien ; mais le reste, là, les gros mots, euh, vous allez arrêter, n’est-ce pas ?, si nous vous donnons ce poste » – entendu dans quelques entretiens d’embauche de facultés européennes prestigieuses. Mais la prise de risques ne fait pas peur au Département de Lettres et au CERIC : au contraire, ces travaux sur l’histoire et le fonctionnement du discours transgressif deviennent même un des domaines de recherche interdisciplinaire soutenu par l’université. Suivent trois colloques internationaux sur l’insulte, une équipe de recherche pionnière en France, un séjour de professeur invité à Aston University et de nombreux ouvrages collectifs internationaux, ainsi que des formations aux enseignants du second degré et des rapports pour les tribunaux lors de procès touchant à l’injure, l’outrage, la diffamation, l’incitation à la discrimination. Cette approche de la violence verbale combinant recherches fondamentale et appliquée lui vaut d’être élue membre junior de l’Institut Universitaire de France en 2007.

Ses travaux actuels portent sur deux pôles principalement : la poursuite de sa recherche sur l’histoire du discours transgressif, d’une part, avec le développement en France de la linguistique appliquée pour le droit par la co-organisation avec l’Université du Québec à Trois Rivières depuis 2013 de l’école d’été internationale de linguistique légale ; d’autre part, l’étude de l’histoire des niveaux de langue. Elle entretient parallèlement et éhontément une danseuse : l’étude du polar, et en particulier de San-Antonio.

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