Le CARRTEL et le LCME associés à des projets de traversées lacustres et de l’Atlantique en hydrocycle

Publié le mer 6 Mar 2019

L’aventurier haut-savoyard Didier Bovard se lancera l’hiver prochain dans un nouveau challenge : traverser l’atlantique sous l’eau en pédalant en position couchée dans une bulle en polycarbonate immergée et fixée sous un hydrocycle flottant au-dessus des eaux. Un projet qui offre de véritables opportunités scientifiques pour deux laboratoires de l’Université Savoie Mont Blanc, le CARRTEL et le LCME, dans le cadre de leurs travaux de recherche.

Installation d’un sondeur halieutique et de divers capteurs pour le CARRTEL

Avant le grand départ de Didier Bovard, des études scientifiques seront réalisées sur les lacs péri-alpins (le Léman, les lacs d’Annecy et du Bourget) par le Centre Alpin de Recherche sur les Réseaux Trophiques des Écosystèmes Limniques (CARRTEL, INRA – USMB).

Installé sur l’hydrocycle, un sondeur halieutique nouvelle génération, fabriqué par la société SIMRAD, permettra de récolter des données précieuses sur la taille et la distribution des poissons. En parallèle, des capteurs de température, pH, conductivité ou encore de mesure de concentration de la chlorophylle permettront d’obtenir à une fréquence inégalée des données susceptibles d’alimenter des modèles mathématiques en lien avec le fonctionnement lacustre. Enfin, il est également prévu l’échantillonnage d’ADN environnemental, notamment du silure, un poisson désormais bien implanté dans les grands lacs mais dont on connait encore peu la répartition et l’impact.

Mise en place de capteurs de pollution de l’eau pour le LCME

Pour le Laboratoire de Chimie Moléculaire et Environnement (LCME), le projet de traversée de l’Atlantique de Didier Bovard se présente comme une opportunité unique de création de connaissance autour des pollutions océaniques.

« En effet, si les niveaux de contaminations des mers et des océans sont un élément essentiel du savoir lié au devenir des polluants dans l’environnement, leurs mesures sont rendues extrêmement compliquées par l’utilisation de moyens de transports conventionnels, eux-mêmes générateurs de pollution. Ainsi, l’évaluation des contaminations est souvent faussée lors les mesures par la présence d’une source d’émission à proximité. En l’absence de moteur thermique, l’embarcation créée par Didier Bovard nous permet de s’affranchir de ce risque. En complément, tous les matériaux de fabrication du bateau seront testés pour vérifier l’absence de sources secondaires de polluants » explique David Gateuille, chercheur au LCME.

Dans ce cadre, l’équipe de chercheurs du LCME place des capteurs passifs de la pollution sur le mat et dans le sillage de l’embarcation. En laboratoire, ces capteurs peuvent être analysés en chromatographie gazeuse et spectrométrie de masse afin de quantifier les différents polluants. Ainsi, régulièrement renouvelés par Didier Bovard, ils permettront de retracer les contaminations atmosphériques et océaniques rencontrées lors de la traversée.

Après une pré-étude sur des grands lacs péri-alpins (Léman, Annecy, Bourget) afin de former Didier Bovard à la manipulation des capteurs et d’optimiser les protocoles de mesures, les résultats de l’étude récoltés lors de la traversée de l’Atlantique feront l’objet de publications scientifiques et de communication à destination du grand public.

Le choix de traverser l’océan atlantique loin des grandes routes maritimes assurera des mesures de la pollution représentative du bruit de fond mondiale et permettra d’établir un état des lieux fidèle de la contamination de notre planète. De plus, la mise en place simultanée de mesures à l’interface atmosphère-océan permettra aux chercheurs d’étudier la dynamique des polluants et de répondre à la question : les océans sont-ils une source ou un puits de polluants ?

En savoir plus