Le LIBM travaille sur la prévention des blessures chez les handballeurs

Publié le lun 3 Fév 2020

Quand la recherche peut aider les sportifs, de haut niveau comme amateur, à comprendre comment survient la blessure et ainsi à l’éviter…

Rupture des ligaments croisés : lorsque le diagnostique tombe pour les sportifs de haut niveau, il est synonyme de fin de saison et d’absence sur les compétitions à venir. Ce type de blessure entraîne une indisponibilité moyenne d’un an avec possiblement des répercussions à long terme sur la santé du sportif. Elle pourrait être mieux comprise grâce aux travaux de recherche de Brice Picot, un kinésithérapeute qui travaille depuis 1 an au sein du Laboratoire Inter-universitaire de Biologie et Motricité (LIBM).

Sa thèse, financée par la fédération Française de Handball et la Société Française des Masseurs Kinésithérapeutes du Sport, et menée en collaboration avec l’université de Bretagne Occidentale et le laboratoire d’Analyse et de Traitement de l’Imagerie Médicale (LaTIM) de Brest, se concentre sur la prévention des ruptures du ligament croisé antérieur. Un traumatisme récurrent dans la pratique des sports dits « à pivots », c’est-à-dire où le genou est amené à pivoter, et où la lésion survient principalement lors d’une réception de saut et lors d’un changement de direction.

UNE PROBLÉMATIQUE MAJEURE POUR LA FÉDÉRATION DE HANDBALL, L’ATHLÈTE ET SON ÉQUIPE MÉDICALE

L’objectif principal de la thèse de Brice Picot est de comprendre le lien entre les entrées sensorielles utilisées par le handballeur et le risque de blessure lors de ses manœuvres de changements de directions lors de la pratique sportive. Les entrées sensorielles telles que la vue, le système vestibulaire (organe sensoriel barosensible situé dans l’oreille interne) ou encore la proprioception (la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps) sont utilisées par le cerveau pour permettre au joueur de s’équilibrer et de se déplacer dans l’espace. 

« Chaque personne utilise préférentiellement une ou plusieurs entrées sensorielles en fonction des situations. Nous cherchons à savoir si ces différences de préférences sensorielles peuvent expliquer les blessures aux membres inférieurs. Pour cela, nous utilisons la vibration tendineuse lors de tests d’équilibration pour quantifier l’utilisation des différentes sources proprioceptives par les joueurs de handball. » explique Brice.

Plusieurs jeunes joueurs et joueuses de la Ligue de handball AURA région Auvergne Rhône-Alpes se sont prêtés au jeu. Afin de mesurer leurs réponses physiologiques, des électrodes sont installées le long de leur jambe d’appui. Vient ensuite le temps de tester leurs réactions et préférences sensorielles. Installés sur une plaque vibrante, sur sol stable ou sur plaque en mousse, les joueurs vont passer une série de tests d’équilibre dont certains avec les yeux bandés.

« La vibration tendineuse dure 20 secondes, on mesure les réactions posturales des sujets suite à cette vibration. Les mesures effectuées sur chaque recrue permettent de mesurer leur réponse à la vibration qui vient perturber leur proprioception. On cherche à caractériser les personnes selon leurs préférences sensorielles, d’où l’intérêt de comparer yeux ouverts et yeux fermés pour voir si certains privilégient la vue pour s’équilibrer. Si on ne voit pas de grosse différence entre les deux conditions, c’est que le sujet est capable d’utiliser une autre entrée sensorielle lorsque ses yeux ne sont plus disponibles », précise Brice.

Cette phase de tests avec vibration tendineuse constitue la première étape de ce projet de thèse Contribution des préférences sensorielles aux mécanismes de stabilisation du genou au cours des mouvements de pivots au cours d’activités sportives qui s’étale sur 3 ans. Pour la suite, une approche beaucoup plus biomécanique sera favorisée, avec des outils d’analyse différents, plutôt orientés sur des mesures de mouvements et de force. Supervisé par ses deux directeurs de thèse, Nicolas Forestier, chercheur au LIBM et Dr Olivier Remy-Neris, spécialiste en médecine physique et de réadaptation et chercheur au laboratoire LaTIM, Brice travaille également avec des étudiants de 1re année de master Ingénierie et Ergonomie de l’Activité Physique (IEAP) de l’USMB.

Crédit photos : Alice Treuvey – Université Savoie Mont Blanc
Telma Sagnard et Alexandre Bravard réalisent ainsi leur travail de recherche (demandé dans leur master) sur le projet de Brice Picot, et apprennent à développer leur démarche scientifique, que cela concerne la recherche bibliographique ou les protocoles de recherche sur le terrain.
« Participer à l’expérimentation sur ce projet de thèse m’a permis de découvrir le travail en laboratoire de recherche. J’ai contribué à ce projet en intervenant sur les manipulations expérimentales, que cela avec le sujet du test en plaçant les électrodes sur le muscle à étudier, ou encore plus généralement en aidant au bon déroulement des tests et des enregistrements de données. Cela m’a permis d’acquérir de l’expérience et de la confiance pour des projets futurs, que ce soit dans le monde universitaire ou de l’entreprise, notamment sur la gestion de tests en interaction avec d’autres personnes, chercheurs ou participants à l’étude », explique Alexandre.
« Nous allons nous appuyer sur les données recueillies lors cette expérimentation pour tester des hypothèses que nous nous sommes posées, en lien avec les thématiques de recherche du laboratoire. Alexandre et moi allons ensuite rédiger un mémoire de recherche sur un sujet en lien avec le sujet de Brice afin de pouvoir utiliser ses données collectées lors des tests. On passe de la théorie en cours à la pratique à la théorie en laboratoire. C’est très enrichissant !  » ajoute Telma.
Une belle manière de faire le lien entre le monde universitaire, la recherche en santé et le domaine du sport.

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