Créer une passerelle entre les entreprises – pour les accompagner dans leur transition numérique – et le Laboratoire d’Annecy de physique des particules (LAPP), plus spécifiquement Must, sa plateforme numérique : c’est l’objectif d’Idefics (Informatique, données et entreprises pour la formation et l’innovation en calcul scientifique et pour la société).
Ce projet, à ce jour unique en France, prend véritablement son envol cette année avec le concours de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le fonds européen de développement régional (Feder). Pourquoi une telle initiative ? Le LAPP est un laboratoire de physique expérimentale de renommée internationale, impliqué dans la recherche fondamentale, la physique des particules, l’observation du cosmos, dans le but de repousser toujours plus loin les frontières de la connaissance. Plus de 150 scientifiques, chercheurs, ingénieurs, techniciens y travaillent dans les filières informatique, mécanique, électronique et dans la combinaison de ces différents métiers.
Créer de la connaissance sur la connaissance
Le LAPP héberge la plateforme Must (photo ci-dessous), mésocentre de calcul et de stockage mutualisé entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’université Savoie Mont Blanc (USMB), qui permet notamment aux chercheurs de gérer, à grande échelle, leurs besoins en ressources informatiques. Must intervient aussi, au niveau international, dans le traite ment des données et l’analyse des expériences du plus grand et du plus puissant accélérateur de particules au monde (le LHC, au Cern). Le défi, aujourd’hui, n’est plus seulement de gérer ces volumes de données toujours plus importants, mais davantage de les décliner dans la science ouverte, pour que les développements technologiques, et plus particulièrement ceux du numérique, initiés au sein de projets scientifiques, puissent être à la disposition de la société.
« Cette ouverture vers la société civile, qui va dans le sens de la politique du CNRS, faisait déjà partie de mon projet lorsque j’ai été nommé directeur du Lapp en 2015. Et j’en avais proposé le concept en 2016 dans un document adressé à la Région, en réponse à l’appel à contributions pour la conception du schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) », rappelle Giovanni Lamanna, directeur de recherche au CNRS et directeur du Laboratoire d’Annecy de physique des particules (LAPP).
Faciliter l’accès aux connaissances, c’est faciliter l’accès à l’innovation, et c’est important pour l’économie. S’ouvrir, rendre accessibles les résultats, les données scientifiques ainsi que les compétences du LAPP, est une manière de rendre des comptes aux concitoyens sur les travaux menés par le laboratoire, de créer de la connaissance sur la connaissance…
« Nous avons en plus, ici, une situation géographique territoriale spécifique, qui nous a permis de tisser des partenariats forts avec les collectivités, le laboratoire d’informatique Listic, l’USMB et sa Fondation qui jouent un rôle d’intermédiaires, de relais fondamental avec l’écosystème des PME et des entreprises locales », souligne Giovanni Lamanna.
De belles perspectives pour les entreprises
Agile, à l’image du petit chien d’Obélix dont son nom s’inspire, le projet Idefics peut notamment permettre aux entreprises de disposer de ressources et de connaissances uniques sur les services de gestion de grands volumes de données, de trouver un accompagnement scientifique, un appui R&D pour concevoir de nouveaux produits et/ou services, de relever les défis actuels de type intelligence artificielle, big data, calcul haute performance… Faciliter l’accès aux connaissances, c’est faciliter l’accès à l’innovation, et c’est important pour l’économie d’un pays. Ce projet exploratoire s’adresse donc au plus grand nombre.
« Je crois vraiment à la nécessité d’accompagner les entreprises de proximité, de leur fournir des opportunités de formation, de codéveloppement… et de participer à la structuration de l’offre régionale existante dont nous ne sommes pas concurrents mais complémentaires. Il s’agit vraiment, dans ce projet, du développement du numérique par la recherche, et non pour la recherche », conclut Giovanni Lamanna.
Chronique rédigée par Giovanni Lamanna, directeur de recherche au CNRS et directeur du Laboratoire d’Annecy de physique des particules (LAPP), dans le cadre d’une collaboration entre le magazine Éco Savoie Mont Blanc et l’université Savoie Mont Blanc.