Elle a bientôt 22 ans, étudie en 3ème année de licence de biologie à l’université Savoie Mont Blanc (USMB) et a participé cette année à la conférence des Nations Unies sur la biodiversité. Elle, c’est Ambre Bichard, étudiante militante engagée pour préserver la biodiversité et l’environnement. Rencontre avec une jeune femme déterminée.
DE LA PRISE DE CONSCIENCE À L’ENGAGEMENT
Installée dans l’une salles du Pôle Montagne sur le campus du Bourget-du-Lac, un sourire timide aux coins des lèvres, Ambre attend patiemment le début de son interview. À la première question, la patience laisse place à la passion. Les premiers mots fusent et les phrases s’enchaînent rapidement mais jamais le discours ne verse dans la précipitation. Un rythme qui fait écho à son parcours de militante pour l’environnement.
Le déclic ? Il se fait d’abord en terminale grâce à sa professeure de philosophie, très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Lors d’un cours qui aborde l’importance de la diversité culturelle, Ambre prend conscience des autres modes de vie qui existent dans le monde et découvre la notion de dérèglement climatique. “J’ai appris à regarder autour de moi, à ouvrir les yeux sur ma façon de vivre, de consommer, et comment cela pouvait impacter l’environnement. J’avais une vague notion avant cela, mais je n’y prêtais pas vraiment attention. J’habite dans une région de montagne et pour moi, il n’y a rien de plus précieux que l’environnement naturel dans lequel je suis et dans lequel je me sens bien. Cette année là, je me suis prise une grosse claque : si je ne changeais pas mes habitudes, si nous, en tant que société, ne changions pas notre mode de vie et de consommation, tout cela allait disparaître.”
Puis c’est le documentaire “L’exploration inversée” qui lui ouvre les yeux sur le lien entre les enjeux sociétaux et les enjeux climatiques. L’histoire de ces deux Papous qui découvrent la France, les profondeurs du métro parisien et les gigantesques centres commerciaux de la capitale. Perplexes devant l’absurdité de la surconsommation à l’occidentale, les membres de la tribu des Huli ne comprennent pas l’individualisme et l’indifférence du peuple français.
À partir de ce moment, Ambre “entre en résistance”. Documentaires, articles, interviews, livres : elle absorbe tout ce qu’elle peut trouver sur la lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Elle fait ses premières marches pour le climat, se nourrit des rencontres qu’elle y fait et décide de s’engager un maximum dans le mouvement. Elle participe à une expérience de science participative du CNRS qui permet d’étudier les effets du changement climatique sur le blob, anime un atelier pédagogique autour de la biodiversité dans un centre aéré avec des enfants âgés de 6 à 10 ans, et rejoint les associations Blairoudeurs et Univert, deux collectifs étudiants de l’USMB qui sensibilisent et militent en faveur de la biodiversité et l’environnement.

Il faut dire que les chiffres sont plus qu’inquiétants : 75% des milieux terrestres et 40% des écosystèmes marins sont fortement dégradés. Près d’un million d’espèces animales et végétales sont actuellement menacées d’extinction et le rythme de disparition des espèces est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel. Il s’agit de la plus grande perte de vie depuis les dinosaures. Certains experts parlent même d’une 6ème extinction de masse, provoquée en grande partie à cause de l’activité humaine.
Ambre tente sa chance et postule auprès de GYBN, sans vraiment trop y croire. Sa candidature est retenue parmi près de 2 000 candidats. 3 mois plus tard, cette jeune militante se retrouve au cœur des négociations de la COP15 qui se déroule du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal. Mais dès les premiers jours, l’enthousiasme cède la place à la désillusion.

Compliqué de faire le poids face à des délégations de ministres et des négociateurs. Lors d’un panel sur la protection des fonds marins, un des négociateurs prend la parole puis termine son discours en buvant une bouteille de Coca-Cola. La désillusion se renforce, les doutes s’installent et Ambre en vient à se demander si elle ne va pas écourter son séjour canadien.
LA FORCE DU COLLECTIF
Fort heureusement, d’autres rencontres viennent redonner un élan de confiance et de détermination à notre jeune étudiante. Lors du Youth Summit, un événement organisé par GYBN avant les négociations finales de la COP15, Ambre rejoint près de 300 jeunes venus de 80 pays différents. 3 jours d’ateliers et de rencontres pour comprendre les enjeux de la COP15 et échanger autour de la biodiversité et de l’environnement.

Sur son compte Instagram, Ambre fait vivre la COP 15 de l’intérieur à sa famille, ses amis… et à ses nouveaux followers. Si l’exercice de la story est nouveau pour elle, la jeune militante s’applique à transmettre ses nouvelles connaissances pour sensibiliser sa communauté. Chaque jour, elle partage des informations qu’elle recueille dans l’enceinte de la COP15, met en lumière la complexité des liens entre l’écologie et la politique, et invite les membres de sa communauté à s’impliquer à leur tour à l’échelle locale. “Pendant l’événement, j’ai eu énormément de nouveaux followers qui me posaient des questions sur ce qu’il se passait, ce que j’entendais, ou ce que je postais. Je n’ai jamais eu autant de DM sur Instagram !”
Au sein de la délégation francophone de GYBN, les échanges fusent également. Impressionnée et inspirée par ses pairs, Ambre prend sa place dans le collectif et crée peu à peu son réseau. Venant du Canada, d’Afrique et d’Europe, les jeunes partagent leurs expériences dans leur lutte pour protéger la biodiversité. “On vient de différentes régions du globe et cela impacte forcément nos priorités. Par exemple, pour nous Français, l’objectif est de réduire notre consommation de plastique alors que pour d’autres jeunes en Afrique ça va être de lutter contre la corruption de leur pays qui autorise des projets climaticides contre de l’argent. Même si nos problématiques sont différentes, on arrive à se réunir autour de valeurs communes et c’est ce qui fait la force de notre combat pour la biodiversité.”

UNE SENSIBILISATION ET UN COMBAT QUI SE POURSUIVENT
À son retour en France, Ambre continue de sensibiliser son entourage à travers son compte Instagram, mais pas que. Sur le campus du Bourget-du-Lac, elle participe à l’événement “Climat en danger” organisé par la bibliothèque universitaire et anime une mini-conférence sur sa participation à la COP15, en collaboration avec l’association Univert. L’occasion de répondre à toutes les questions que se posent les étudiantes et étudiants sur la COP15, son fonctionnement, les accords passés à Montréal et comment participer à la prochaine édition en 2024. “La COP, c’est l’occasion de rejoindre plein de projets, de rencontrer des gens de tout horizon, de développer ses compétences personnelles. C’est une expérience hyper enrichissante à laquelle je n’imaginais pas du tout pouvoir participer. Si la préservation de l’environnement et de la biodiversité est un sujet important pour vous, rapprochez-vous de GYBN. Tout le monde peut se présenter et avoir le pouvoir de faire changer les choses.”

Après sa licence de biologie, Ambre souhaite poursuivre ses études en master Gestion de l’environnement. Toujours en quête de nouvelles connaissances, ce parcours lui permettrait de discuter davantage avec des professionnels de l’environnement et de sensibiliser le public en vulgarisant les notions qu’elle étudie en cours. Tout en continuant bien évidemment ses engagements associatifs auprès d’Univert et des Blairoudeurs.


