« Transition sous tension » : un regard anthropologique sur la transition énergétique dans l’Allier

Publié le lun 30 Sep 2024 stéphane jaillet edytem

Le film documentaire Transition sous tension, réalisé par Violeta Ramirez, anthropologue au laboratoire Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (EDYTEM), propose une exploration immersive et nuancée des enjeux environnementaux liés à l’ouverture potentielle d’une mine de lithium dans l’Allier. À travers une enquête filmée, le documentaire de 52 minutes interroge la manière dont les politiques de transition énergétique sont perçues et vécues localement.

Une équipe pluridisciplinaire pour un projet ambitieux

La réalisation du film a été possible grâce à la collaboration de plusieurs chercheurs du laboratoire EDYTEM. Aux côtés de Violeta Ramirez, post-doctorante formée à l’anthropologie visuelle, Marie Forget et Camille Girault, maîtres de conférences en géographie, ont endossé le rôle de producteurs scientifiques. Le projet est né il y a quelques années du croisement de leurs thèmes de recherche respectifs, portant sur l’extraction minière, l’énergie, l’accès à la nature et les valeurs environnementales.

Violeta Ramirez explique que son travail sur le terrain a commencé en février 2023, marquant le début d’une année d’observation et d’entretiens avec les habitants de l’Allier. Ce processus a abouti à la création d’un documentaire qui, selon elle, permet de « rendre accessible à un public large les données et analyses issues de l’enquête ethnographique« .

La diversité des témoignages et des perspectives

Le choix des intervenants dans le film s’est fait avec une attention particulière à la diversité de profils et visions concernant le territoire. Habitants, élus locaux, membres d’associations et représentants de la compagnie qui porte le projet d’extraction de lithium (IMERYS) , ont tous été sollicités.

Le documentaire met en lumière les débats complexes autour de l’exploitation des ressources minérales dans le contexte du changement climatique.  « Le film cherche à présenter les différentes réceptions locales de ce projet, ancrées dans des visions contrastées du territoire« , souligne l’anthropologue, insistant sur l’importance de donner à chaque point de vue l’espace nécessaire pour s’exprimer.

violeta ramirez edytem (3)

Le format documentaire : un outil puissant pour la vulgarisation scientifique

Transition sous tension montre les paysages du territoire de l’Allier, mais aussi les visages et expressions des personnes qui y vivent, offrant ainsi un contexte visuel et sensoriel qui enrichit la compréhension du spectateur. « Dans le documentaire, la parole s’accompagne d’expressions faciales et le spectateur peut accéder au contexte de production de l’entretien« , note la réalisatrice. Le film inclut également des scènes de réunions publiques, des débats et des sorties natures, autant d’observations de situations souvent difficiles à transcrire dans des formats écrits.

En choisissant ce support, les chercheurs vont toucher un public plus large que celui des publications académiques plus classiques. Transition sous tension a d’ailleurs déjà été projeté à des publics variés, allant d’experts scientifiques dans des contextes universitaires à un public non spécialisé dans le cadre d’évènements culturels.

violeta ramirez edytem (4)

Une réception positive malgré un sujet sensible

Également diffusé à Echassières, lieu de l’enquête, « le film a été globalement bien accueilli« , raconte Violeta Ramirez, précisant que le traitement du sujet, bien que controversé, a trouvé écho à la fois chez les opposants et les partisans du projet minier : “Dans les commentaires du public lors des projections, on met très souvent en valeur le fait que le film présente d’une façon assez neutre et respectueuse les différents arguments et visions.”

Ce retour positif, surtout face à un enjeu aussi délicat que l’exploitation minière dans le cadre de la transition énergétique, témoigne de la qualité de la réalisation et de la rigueur scientifique qui sous-tend le film. D’autres projections sont prévues dans les mois à venir, notamment à la Fête de la science à Chambéry, ainsi que lors de festivals de cinéma à Toulouse et Montpellier.

violeta ramirez edytem

En savoir plus