Nadine Neyroud-Gigleux, Ingénieure CNRS au Laboratoire d’Annecy de Physique des Particules (LAPP)
Passionnée par les mathématiques dès ses études au lycée, Nadine s’inscrit en classe préparatoire à Annecy et décide deux ans plus tard de s’orienter vers l’informatique en intégrant l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieur en Mathématiques Appliquées de Grenoble (ENSIMAG). À cette époque, les programmes informatiques étaient encore codés sur un paquet de cartes perforées entourées d’un élastique, et Nadine se lance dans cette nouvelle aventure avec enthousiasme et motivation. Durant un stage d’été au CERN, elle découvre la physique des particules et l’informatique d’avant-garde qui lui est associée. À la fin de ses études, elle rejoint le Laboratoire d’Annecy de Physique des Particules (LAPP) de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) en même temps qu’est installé le premier mini-ordinateur VAX et son réseau de stations de travail.
Après quatre années riches en découvertes technologiques et en collaboration avec le CERN, Nadine décide de partir pour quinze ans dans l’industrie informatique, d’abord dans une grande multinationale à Lyon, Paris, Annecy, puis dans une filiale européenne d’une société américaine à Toulouse, pour finir dans une start-up internationale à l’époque de la bulle Internet. De retour dans la région en 2002, c’est tout naturellement qu’elle revient au LAPP où on lui confie le service informatique et la mission de faire participer le laboratoire aux projets de R&D financés par la commission européenne pour relever les défis du traitement des données du futur collisionneur LHC du CERN.
Quelques années plus tard, c’est tout naturellement que l’équipe de direction lui confie la tâche de créer l’un des nœuds de la grille européenne de calcul DataGrid, pour participer au traitement des données du LHC. C’est alors que le projet de mésocentre MUST de l’USMB voit le jour, et que depuis plus de 11 ans, cette plateforme aide les chercheurs des laboratoires de l’université à gérer à grande échelle leurs besoins en calcul et en stockage de données. Il remplit également un rôle primordial au niveau international pour le traitement des données et l’analyse des expériences du LHC. Plus récemment, le mésocentre MUST est devenu un centre important pour les simulations du projet Cherenkov Telescope Array (CTA) et héberge également des applications d’intelligence artificielle.
En janvier 2007, Yannis Karyotakis est nommé à la direction du laboratoire et lui demande de rejoindre l’équipe de direction comme directrice technique du LAPP, poste qu’elle occupe toujours actuellement. En parallèle, elle profite de l’opportunité qui lui est offerte en 2012 de participer au projet international CTA en tant que chef de projet technique en soutien au physicien en charge du traitement des données de l’expérience. Impliquant pas moins de 32 pays et 210 instituts de recherche, celui-ci ambitionne la construction d’une nouvelle génération de télescopes gamma basés au sol et travaillant dans une large gamme d’énergie (10 GeV à plus de 100 TeV). Les défis technologiques sont importants, le volume des données qui seront produites n’a jamais été égalé dans ce domaine scientifique, les sites choisis pour les deux réseaux de télescopes sont aux Canaries et au Chili, et les défis liés à la coordination des équipes distribuées de chercheurs et ingénieurs un vrai challenge. C’est alors avec enthousiasme que Nadine se consacre à ce projet pour lequel elle continue à coordonner la partie infrastructure numérique et modèle de traitement des données, en espérant voir bientôt les premiers résultats de l’expérience.
En 2017, Nadine reçoit la Médaille de Cristal du CNRS, cette distinction récompensant chaque année des ingénieures, des ingénieurs, des techniciennes, techniciens et des personnels administratifs qui, par leur créativité, leur maîtrise technique et leur esprit innovant contribuent aux cotés des chercheuses et chercheurs à l’avancée des savoirs et des découvertes scientifiques.
