Procès fictif : les étudiants de la Faculté de droit envoient le Joker derrière les barreaux

Publié le mar 7 Avr 2020

Jeudi 20 février 2020, dans la Cour d’Assises fictive du campus de Jacob-Bellecombette, le verdict est tombé. 25 ans de réclusion criminelle pour le Joker, reconnu coupable du meurtre prémédité de Murray Franklin. Après Scar, frère ennemi de Mufasa dans Le Roi Lion, Tom Elvis Jedusor alias Lord Voldemort dans la saga littéraire Harry Potter, et trois des braqueurs de la série télévisée La Casa de Papel, Arthur Fleck, anti-héros du film « Joker » de Todd Phillips, a fini lui aussi par comparaître devant la justice.

Si le procès reste fictif car il met un personnage de fiction au cœur de l’histoire, la préparation du procès et le rôle de ses protagonistes sont bien réels. Le dossier de l’affaire est minutieusement monté par les étudiants de l’Association des Juristes et Économistes de Savoie (AJES), organisatrice de l’événement depuis plusieurs années. Jurés, témoins, accusé, experts : la majorité des rôles de ce procès fictif sont interprétés par des étudiants de la Faculté de Droit de l’USMB. Comme un vrai procès, le procès fictif voit se succéder à la barre les divers témoignages et se clôture par les plaidoiries de l’avocat général, de la défense et de la partie civile, un exercice oratoire réalisé par des avocats de Chambéry.

Côté organisation, l’AJES a pu compter une nouvelle fois sur le soutien et la participation de professionnels du droit de Chambéry.


Photo : Palais de justice de Chambéry @ Florian Pépellin / CC-BY-SA 3.0

« Nous avons fait appel à Maître Betemps, avocat au barreau de Chambéry, qui participe au procès fictif et à son organisation depuis maintenant 4 ans. Il a pu mobiliser d’autres professionnels de son réseau pour tenir les rôles de président de Cour d’assises (Maître Therolle), d’avocat de partie civile (Maître Pillet) et d’avocat général (Maître Droy), lui même tenant le rôle de l’avocat de la défense. Concernant le dossier, il nous a aidés à le monter en nous expliquant les grandes lignes et surtout en nous autorisant à venir consulter de vrais dossiers à son cabinet pour pouvoir nous en inspirer. Nous le remercions énormément car sans lui et son investissement, le procès fictif n’aurait pas pu avoir lieu », explique Kelly Atger, présidente de l’association AJES et étudiante en 2ème année de licence de droit.

Un procès minutieusement préparé

Altération du discernement ou abolition du discernement ? La question posée lors de ce procès était importante car elle définissait le degré de responsabilité pénale du Joker dans le meurtre de l’animateur de talk show. Et donc sa possible incarcération. Afin d’y répondre, les étudiants de l’AJES ont minutieusement préparé le dossier d’instruction en travaillant directement avec les différents professionnels participant au procès. Une expérience très enrichissante qui leur a permis de se rendre compte du déroulé d’un véritable procès de A à Z.


Image du film « Joker » de Todd Phillips @ WARNER BROS.

En raison du caractère particulier de l’affaire, l’AJES a pu compter cette année sur la participation d’un maître de conférences en psychologie de l’USMB. Arnaud Carre, docteur en psychologie et neuropsychologie au Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie Personnalité, Cognition, Changement Social (LIP/PC2S), a incarné l’un des experts psychiatriques du dossier. Il a ainsi pu livrer un témoignage technique et maîtrisé durant le procès, sur la base d’un rapport d’analyse psychologique rédigé par Maxence Neuilly, étudiant en 2ème année de licence de droit.

« Devoir rédiger des rapports d’analyses psychologiques sans pour autant avoir de réelles connaissances en psychologie, l’exercice était un vrai un défi pour moi ! J’ai effectué de nombreuses recherches sur le personnage du Joker, sur les différents profils psychologiques existants qui pouvaient lui correspondre ou encore sur les diagnostics qui semblaient les plus pertinents. Le travail s’est révélé payant puisque j’ai reçu un avis favorable de la part de notre expert, Arnaud Carre, qui a par la suite défendu l’un des mes rapports où figurait le juste diagnostic », témoigne Maxence, chargé de rédiger des pièces du dossier.

Grâce aux nombreux témoignages et rapports d’expertise, les jurés en ont déduit qu’il s’agissait d’une altération du discernement. Jugé pénalement responsable, l’ennemi n°1 de Gotham City dort désormais derrière les barreaux.

La préparation du procès ne s’arrête pas à la constitution du dossier d’instruction. Il faut encore gérer la logistique, définir un planning de passage des interventions, coacher les participants sur leurs rôles et s’assurer le jour J que tout se déroule dans le respect des règles d’un vrai procès. « Un vrai travail d’équipe, tant bien au niveau associatif qu’au niveau estudiantin. Nous sommes tous très impliqué du côté de l’AJES et nous essayons au maximum de faire participer nos étudiants de la Faculté de droit, quel que soit leur niveau d’études« , explique Camille Miranda, étudiante en 2ème année de licence de droit, chargée de la communication de l’événement.

Une fois de plus, le public a répondu présent. Plus une seule place assise dans l’amphithéâtre pour assister à ce procès fictif légendaire ! Un professeur de lettres de collège a même filmé la plaidoirie de l’un des avocats, afin de montrer à ses élèves l’art de l’éloquence.

« Nous avons pu accueillir cette année un large public : des étudiants de droit, de psychologie, de langues, du personnel de l’université et même des familles ! Ce fut aussi l’occasion pour les étudiants de droit de venir à la rencontre des professionnels du droit et pour les plus impliqués, de décrocher une proposition de stage. Peu de temps avant la fin du procès, les jurés ont délibéré avec le juge pendant 20 minutes. Durant ce laps de temps, beaucoup d’étudiants sont descendus à la rencontre des avocats pour leur poser des questions. Ce fut un réel moment de partage. Nous sommes conscients qu’il n’est pas toujours évident de se rendre au tribunal pour assister à un vrai procès. Par conséquent, ici, c’est le tribunal qui vient aux étudiants », explique Anne-Camille Deléglise, étudiante en 2ème année de licence de droit et trésorière de l’association, qui s’occupait cette année de la rédaction de pièces du dossier, de la gestion des participants et de la logistique au niveau de l’amphithéâtre.

Un réel succès rendu possible grâce à la mobilisation de tous les participants et au soutien de l’université. « L’AJES tient a remercier tous les acteurs de ce 4e procès fictif, M. Benelbaz, qui a fait un petit discours introductif avant le début du procès pour souhaiter la bienvenue aux professionnels et au public, notre Doyen de la Faculté de Droit, M. Dreuille, les différents professionnels qui sont intervenus, tout particulièrement le cabinet d’avocats du Barreau de Chambéry Cordel-Betemps. Ils ont été magistraux et ont réussi à vraiment faire transparaître les détails d’un réel procès. Et bien sûr un grand merci à tous les étudiants qui ont été une fois de plus au rendez-vous« , termine Luka Christophe Katalinic, étudiant en 3ème année de licence de droit public et interlocuteur principal des professionnels sur ce procès fictif.

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